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Critique de La Tempête de la Ruine par Maestitia

Publié le Vendredi 30 juin 2023 | 2 révisions avant publication | 7 corrections après publication

— C’est moi ! cria Sanguinius. C’est moi qui vais changer l’avenir !

Et ses mots invoquèrent la lumière.

Le Lion poussa un juron. Guilliman et lui se reculèrent de l’autel, leurs armes en main.

Une fente verticale s’ouvrit dans l’air devant le mur nord, courant depuis le dôme jusqu’au sol, fine comme un faisceau laser, et aussi brillante. Une seconde déchirure s’étira à l’horizontale depuis son centre, en s’incurvant autour du mur cylindrique jusqu’à mi-chemin. Des lignes diagonales partirent de l’intersection et formèrent une étoile ; la déchirure s’élargit, et l’étoile devint une sphère, émettant une lumière blanche incandescente. Sanguinius fixa cet éclat, contempla l’énergie féroce de la vie et du champ des possibles.

La sphère s’étira vers le bas, en prenant la forme d’une porte. Quelque chose bougeait dans les profondeurs de son ouverture. Sanguinius crut y voir un papillonnement, sous forme d’altérations rapides et constantes. Il repensa à la succession de visions lorsqu’il était tombé à travers cette brèche dans le réel, sur Pyrrhan, et il sut ce qu’il avait à faire.

Guilliman et le Lion se trouvaient au fond de la chambre, les yeux plissés face à la lumière. Leurs armes étaient braquées sur le portail.

— Sanguinius, c’est un piège, l’appela Guilliman. Ça ne peut être rien d’autre.
— On nous a manipulés, ajouta le Lion. L’ennemi est en train de t’induire en erreur, toi aussi.
— Vous ne comprenez pas ce que j’ai vu, leur opposa Sanguinius.

Curze n’avait toujours pas bougé. Il fixait le portail, bien que son visage fût un masque de souffrance.

— Je sais ce que je dois faire, mes frères, assura Sanguinius. Cet endroit est le pivot. Je vais nous forger un nouveau destin.
— Tu ne peux pas faire ça, intervint Curze.

Sa voix était à peine un murmure, et il y avait dans son ton quelque chose de parfaitement étranger au Night Haunter. Ses traits étaient transformés. Il fallut un instant à Sanguinius pour reconnaître ce qu’il voyait et entendait chez Curze.

De l’horreur. L’horreur que Sanguinius puisse anéantir les fondements de toute l’existence de Curze. L’horreur qu’il puisse prouver que le futur n’était pas écrit.

— Il le faut, répondit-il.

Il pénétra dans le portail.

La dernière chose qu’il entendit avant que la lumière ne l’enveloppât fut le hurlement du Night Haunter.

La Tempête de la Ruine, où le phénomène cataclysmique orchestré par Lorgar et les Word Bearers durant la bataille de Calth, n’a fait que grandir depuis le début de la Croisade Noire. En effet, en répandant la misère parmi les 1 000 mondes d’Ultramar, les renégats ont su générer une tempête dans l’Immaterium empêchant les voyages à travers celui-ci. Le warp étant de par sa nature capricieuse, avec la Tempête de la Ruine, ce sont les dieux eux-mêmes qui bloquent les communications astropathiques entre loyalistes et détruisent tout espoir de ralliement et de cohésion. Bref, c’est le Chaos dans toute sa terrifiante puissance.

Malgré cette catastrophe, les Space Marines loyaux à l’Empereur vont parvenir à s’unir et trois Primarques légendaires vont former le Triumvirat de l’Imperium Secundus. Roboute Guilliman sera le magistrat, Lion El Jonson deviendra le chef de guerre et Sanguinius le nouvel empereur régent.

Grâce au roman Les Anges de Caliban, nous savons qu’ils savent que Terra et l’Empereur ne sont pas tombé, du moins pas encore. Il est donc primordial de rejoindre la vieille terre au plus vite et de dissoudre cet Imperium Secundus qui fait foi d’hérésie notoire. Les trois Primarques décident ainsi de partir d’Ultramar pensant qu’ils seront à coup sûr séparés après leur premier saut à travers le warp.

Et c’est ce qui arrive : Sanguinius et ses Blood Angels se font attaquer par les démons non-nés, tandis que Roboute et sa flotte se font embusquer par des Word Bearers et que le Lion est tout simplement perdu… C’est sur cette note d’anarchie que le roman débute.

Mais accrocher vos casques MKIV parce que je ne vais pas tergiverser : ce tome est nul à tous les niveaux, passez votre chemin. Voulez-vous que je développe ? Très bien, très bien…

Dans ce roman, l’auteur aura la lourde tâche de nous narrer pas une mais trois Légions en même temps. Rares sont les écrivains capables de donner tour à tour une exposition cohérente et viscérale à plus d’une Légion à la fois. Mais ce n’est pas cela qui rend le récit mauvais. Non, ce qui pique les yeux est le style ainsi que les méthodes scénaristiques absurdes employées par l’auteur, lorsque ces dernières ne sont pas carrément grossières. En voici quelques-unes :

Après avoir été dispersés à cause de la tempête, les flottes Ultramarine et Blood Angels vont effectuer un second saut dans l’Immaterium qui va les faire atterrir à l’emplacement exact où le Lion se trouve. Coïncidence ? Je ne crois pas. Ces derniers comprennent qu’une force cosmique veut entraîner les trois Légions vers Davin. Les Légions décident d’unir leurs forces en mettant le cap vers la planète maudite.

Plus tard dans le roman, le Triumvirat se retrouve bloqué par « une forteresse spatiale aux proportions gigantesques ». Cette structure incommensurable est corrompue par les quatre dieux du Chaos et empêche les vaisseaux de passer. Si ça, c’est pas éclaté au sol comme excuse scénaristique, je ne sais pas ce que c’est. Depuis quand un objet stellaire est si imposant qu’il occulte la vue d’une armada ? Nous sommes au 31ème millénaire et ce n’est pas une, mais trois flottes Astartes ainsi que leurs Primarques. Autant dire qu’il y a du monde.

Une distorsion cosmique aurait amplement fait l’affaire sans paraître grotesque. Mais ce n’est pas tout ! Cette structure aux dimensions indicibles est créée par un monde-forge démoniaque qui accroît sa masse et sa structure via un faisceau warpesque qui lie la planète à la forteresse. Je vous ai perdu ? Tout va bien se passer, ne restez pas près du bord. Suivez-moi, j’ai les clés.

Un dernier exemple de scène aberrante est le coup de sniper à l’aide d’un rayon laser noir intersidéral du warp qui passe à travers le blindage et le champ Geller du vaisseau amiral des Blood Angels pour toucher Sanguinius et lui provoquer une énième vision de mort… No comment.

Rendu à ce moment, vous avez déjà lu la moitié du roman et il ne s’est pas passé grand-chose. En fait, la seule information pertinente est la vision morbide qui ne cesse de perturber Sanguinius. Il se voit mourir par la main d’Horus encore et encore. En effet, le Primarque de la IXème Légion est littéralement hanté par ce cauchemar. Tellement persécuté par ses rêves et visions que cela en devient répétitif et lassant, perdant ainsi le lien d’empathie entre le lectorat et l’Ange. Dommage.

Ce qui m’amène à la seconde faiblesse du récit : l’incapacité de l’auteur à nous plonger dans l’esprit des Primarques. Plus simplement, on n’y croit pas. Sanguinius répète la même chose constamment, dénaturant sa cause, le Lion a le charisme d’un second rôle sans conviction, et Roboute est dépeint comme un cliché sans âme.

Malgré cela, il y a de bons, voire d’excellents chapitres ! Je pense bien sûr au combat naval opposant Ultramarines et renégats qui est superbement conté. Les fils d’Ultramar ont enfin l’occasion de riposter et non de subir comme sur Maccrage. L’action est dynamique et les affrontements excitants. Il y a certes un usage abusif de bombes à fusion tout le long du roman. Cependant, la mise en scène d’abordage est bien dépeinte et donne envie de venger Calth !

Le chapitre 13 redonne foi au lecteur, lorsque nous apprenons que le Chaos tente de corrompre les Primarque via trois stratégies différentes, chacune exploitant les points faibles respectifs de Roboute, Sanguinius et du Lion. Cette idée, insuffle une nouvelle force à l’intrigue et appelle le lectorat à poursuivre le récit. Néanmoins, cela ne suffira pas à rattraper les bourdes que le lecteur aura subies jusqu’à présent.

La dernière partie du roman nous narre le combat final entre démons et Astartes qui prend place sur Davin. Cette scène se veut être l’apothéose, le dernier grand spectacle, mêlant action, aventure, courage et honneur. En vain.

Le roman se termine comme il a commencé : les trois Légions partent chacune de leur côté. Le Lion se met en tête de détruire les mondes natals des renégats (ironie, quand tu nous tiens), Roboute va faire blocus avec sa flotte afin de permettre à Sanguinius d’accomplir son destin, c’est-à-dire mourir de la main d’Horus.

Voici donc le troisième point noir de La Tempête de la Ruine : on n’y apprend rien de nouveau. Ce tome est donc parfaitement dispensable dans la compréhension de l’Hérésie d’Horus et dans le voyage des Légions de l’Imperium Secundus.

Les plus

  • Affrontements spatiaux.

Les moins

  • Aberrances scénaristiques.
  • Facilités scénaristiques.
  • Redondance de procédés narratifs.
  • Aucune nouvelle information pertinente.
  • Interprétations des Primarques médiocres.
1/5

La Tempête de la Ruine échoue lamentablement à nous plonger dans l'odyssée du Triumvirat d'Ultramar vers Terra. L'auteur ne parvient pas à nous convaincre dans sa narration, malgré quelques chapitres savoureux. On perd son temps dans ce voyage stérile qui n'apporte rien excepté l'ennui lorsque ce n'est pas de la frustration. À éviter.