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Critique de Vengeful Spirit par Priad

Publié le Samedi 29 novembre 2014 | 8 révisions avant publication | 2 corrections après publication

 — Pourquoi ces gens ne nous accueillent pas avec bienvenue ? les interrogea Abaddon.
 — Tu veux dire mis à part le fait qu’on a tué leur armée ? lui répondit Kibre.
Horus rejeta cette insignifiante objection d’un geste de la main.
 — Ils ont peur, dit Aximand.
 — De quoi exactement, qu’on mette fin à leur vie ?
 — Peut être, mais plus probablement ils craignent le changement. Tout de suite, la plupart de ces gens se demandent ce que notre arrivée signifie pour eux. Seront-il mis en esclavage ou libérés ? Plus riches, ou bien davantage pauvres ? Comme le plus petit engrenage d’une importante machine, ils savent qu’il importe peu qui est aux commandes, mais plutôt si elle va continuer à bien tourner.
 — Donnez leur du temps, commença Horus. Ils acclameront mon nom lorsque je leur apporterai la couronne de Terra.
 — Une couronne maintenant ? dit Mortarion. Avoir été fait Maitre de Guerre ne te suffisait pas, tu veux maintenant être roi ?
 — As-tu déjà oublié ? le questionna Horus, alors que les hautes tours de la citadelle et les dômes dorés apparaissaient à l’horizon.
 — Oublié quoi ?
 — Je ne vais pas devenir roi, ni même Empereur, dit Horus. Je vais devenir un Dieu.

Note de la rédaction : vous pouvez trouver un avis pour chacun des deux tomes français sortis : Les Fils de Lupercal et La Bataille de Molech.

Vengeful Spirit est le 29ème tome de l’Hérésie d’Horus et fut attendu par son public à bien des égards. Pour commencer, l’idée de centrer son roman sur le Maitre de Guerre est à souligner tant ce dernier a été laissé de côté depuis la trilogie d’ouverture. Graham McNeill parlera d’ailleurs de ce choix dans sa postface, précisant que jusque là nous ne savions pas précisément ce que faisait Horus durant l’Hérésie en terme précis. C’est en utilisant le contexte existant de la guerre de Molech que Graham McNeill va nous transporter à bord du Vengeful Spirit, nous faisant redécouvrir des visages bien connus de la saga. Car c’est aussi pour cette raison que ce roman fut très attendu. En plus d’être le plus long roman de la série jamais paru à ce jour, Vengeful Spirit (L’Esprit Vengeur dans sa version française) vous promet de poursuivre la trame de personnages que beaucoup pensés disparus à jamais. Garviel Loken est l’un d’entre eux.

Pour ceux ayant manqué l’audio drama Garro : Legion of One nous décrivant le retour de Loken, l’auteur vous donnera quelques rapides explications pour vous mettre à jour bien heureusement. Avec son dramatis personae à rallonge le livre se veut très exaustif en terme de Space Marine en réalité. Entre Horus Lupercal, Abaddon, Horus Aximand du côté du chaos et Loken, Iacton Qruze et Rubio en ce qui concerne les Chevaliers Errants, toutes les trames vont avancer en parallèle pour finalement se rejoindre. Ajoutez à cela la famille Devine que l’on ne présente plus depuis The Devine Adoratrice et vous aurez une base solide pour démarrer, surtout que l’on retrouve aussi des Blood Angels sur Molech.

Attendez-vous à faire quelques aller-retours sur Terra durant le premier tier pour comprendre exactement les enjeux qui vont se jouer avec ce roman. La première apparition de Loken sera d’ailleurs un pur délice, Graham McNeill ne vous y préparant pas du tout. Cette première partie aura pour intérêt de vous refamiliariser avec des visages depuis trop longtemps oubliés, mais aussi de vous montrer comment s’organisent les forces sur Terra au côté de Malcador le Sigillite et Rogal Dorn, mais pas seulement car nous retrouverons aussi un invité de marque durant quelques chapitres.

Ces derniers seront d’ailleurs très souvent découpés en trois parties, comme ont pu l’être certains romans avant lui (qui a parlé de L’Ascension d’Horus ?). Généralement de taille raisonnable, le talent de l’auteur à terminer sur un rebondissement fera beaucoup penser à Imperium Secundus de Dan Abnett. Il est à noter que malgré la longueur du livre, le rythme de ce dernier fut à mes yeux parfait, meilleur qu’Un Millier de Fils pour ne citer que lui.

C’est à un peu plus de la moitié du roman que la bataille de Molech débutera, donnant lieu à certaines scènes d’action mémorables, comme celle impliquant un knight  se confrontant à Horus lui-même. Soyez en sûr, le Maitre de Guerre ne sera pas spectateur de son propre roman et apparaitra en de nombreuses scènes. Ce n’est pas par hasard que le livre s’ouvre sur ses paroles, expliquant le concept de Dieu et de la déification.
Le but ultime de notre anti-héros sera d’ailleurs en parfaite relation avec cette introduction mais je n’en dirai pas davantage pour ne pas vous gacher la surprise.

Une chose est certaine, Horus n’est pas venu sur Molech pour sa végétation luxuriante, et il est très intélligent au passage que tout cela soit étroitement lié au passé de l’Empereur de l’Humanité. Oui, vous avez bien lu mais il faudra me passer sous les pattes d’un Malahgra  pour en dire plus encore une fois. Si comme moi vous pensiez que toute la transformation du Maitre de Guerre et de sa chute vers le Chaos vous avez été données dans Les Faux Dieux du même auteur, vous vous êtes trompés. Quelque chose va arriver sur Molech, un événement que nous allons indéniablement revivre dans un prochain tome et dont j’ai hâte qu’il nous soit raconté en de plus amples détails.

Je resterai plutôt évasif concernant le dernier tier du roman qui à mes yeux fut le moins bien mis en scène mais j’ai conscience que cela reste très subjectif. La famille Devine aura moins d’importance à ce niveau là, un fait que nous pouvons comprendre mais qui reste dommageable à mes yeux. En réalité la maison Devine que j’avais eu plaisir à suivre dans la nouvelle d’introduction The Devine Adoratrice (critiquée par Maestitia) m’aura bien moins captivé dans Vengeful Spirit. Il est vrai qu’il n’est pas facile de tenir la comparaison avec des personnages si charismatiques mais cela n’a même pas été le problème. Graham McNeill insuffle de la vie à ses personnages, mais 40 ans ont passés et alors que la nouvelle ébauchée des complots familiaux à venir, le livre lui y met fin de manière assez expéditive, subissant dès lors une elipse narrative, heureusement bien moins violente que celle du Premier Hérétique. L’implication d’une autre maison dans l’histoire ne sera pas sans rappeler Knights of the Imperium, une excellente novella du Sieur McNeill.

Finalement le roman est indispensable puisqu’il fait avancer plusieurs trames (celle de la bataille de Terra ?) et nous réintroduit à des personnages mythiques que nous retrouveront sans aucun doute dans de prochains tomes. Le meilleur tome de l’Hérésie d’Horus ? Non car l’auteur ne mettra pas en plein dans le mille à cause de certaines faiblesses scénaristiques qui étaient à la base prometteuse. Cela ne vous empêchera pas d’apprécier le roman qui est plus à la mesure de L’Ange Exterminatus que du tome Les Morts Oubliés.

Je contrebalancerai néanmoins les points exprimés ci-dessus en précisant que ce tome va beaucoup faire parler car les auteurs de la Black Library lèvent de plus en plus le voile de l’Hérésie au travers d’histoires parallèles, parfois au prix de grosse déception. Ainsi, lier les enjeux de ce tome à l’Empereur est une idée louable qui reste néanmoins très discutable puisque réduisant la puissance de ce dernier à… je ne peux en dire plus malheureusement, mais je pense que pour garder leur pouvoir d’attraction, certaines choses devraient rester secrètes et ne pas être abordées, sous peine d’être victime d’une désillusion qui risque de blesser les plus érudits.

Les plus

  • L'apparition de personnages mythiques s'enchainant page après page.
  • Une trame focusant sur Loken en parallèle de celle d'Horus.
  • Des punchlines qui ne s'arrêtent jamais.
  • Plusieurs scènes sur Terra !
  • Une équipe de héros et d'anti-héros très diversifiées.
  • Un rythme très bien construit pour un si gros livre.
  • Le titre du Maitre de Guerre prend tout son sens au vu de la stratégie employée durant certaines batailles, j'ai en tête celle du "vaisseau tombe" par exemple.
  • Molech va s'enflammer.
  • Des rôles féminins forts, qui perdent néanmoins en importance dans la seconde moitié du roman.
  • Des clin d'oeils intélligents aux premiers tomes ("Samus est l'homme qui se trouve à côtés de vous") et à plein d'autres.
  • La fuite des survivants de Molech rappelans ceux de Titanicus.

Les moins

  • La maison Devine s'entre-déchire mais il reste tout de même un manque.
  • La scène finale à bord du Vengeful Spirit, pas crédible alors que nous l'attendions avec impatience.
  • Un Mortarion qui a du mal à convaincre et qui fait pâle figure aux côtés d'Horus.
  • Loken semble moins torturé que ce que nous avions voulu nous faire croire auparavant.
  • Pas assez de scènes impliquant les Knights ?
  • On oubliera qu'il y avait des Blood Angels sur Molech !