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Traducteur de l'Hérésie d'Horus : Interview de Julien Drouet

Second volet de notre série d’interviews avec des traducteurs de la Black Library, la première était consacrée à Philippe Beaubrun.

Maintenant que vous en savez un peu plus sur ces écrivains qui œuvrent dans l’ombre tels des moines copistes contemporains, voici le portrait de celui qui vous fait découvrir en VF la plus grande saga du 30ème millénaire, Julien Drouet, traducteur désormais attitré de l’Hérésie d’Horus et accessoirement une personne en or.

L. R

Warhammer 40K, travail ou passion ?

J. D

Passion ! Une passion qui me fait beaucoup travailler, cela dit. J’ai eu l’occasion de bosser dans d’autres settings, Vampire : Dark Ages, Star Wars, D&D, Le Seigneur des Anneaux, mais c’est essentiellement Warhammer 40,000 qui me nourrit depuis une dizaine d’années.

L. R

Comment es-tu rentré dans ce vaste univers ?

J. D

On va dire que mon premier pas dans cet univers sombre où il n’y a que la guerre, je l’ai fait quand j’avais onze ou douze ans, avec des étoiles plein les yeux, en recevant à Noël le jeu Space Crusade. J’en ai fait un nombre de parties très conséquent, mais un jour, j’ai prêté la boîte à un copain de 3ème et je ne l’ai plus jamais revue. Remarquez, je crois qu’aujourd’hui, j’aurais honte de voir comment j’avais barbouillé les figurines à l’époque. Depuis, j’ai racheté une boîte sur eBay.

À dix-huit ans, mon pote Arnaud et son frère Flo m’ont mis le pied à l’étrier sur Warhammer. On s’est ensuite lancés dans Gorkamorka, parce que la toile de fond nous a paru très fun (et nos parties l’ont été tout autant ; jouer le Parti Révolutionnaire Grot, ça n’était pas de tout repos). Et puis à vingt ans, j’ai tenté de me faire embaucher chez Games Workshop comme vendeur, et je savais qu’il fallait connaître les deux systèmes majeurs. Alors pour me mettre à 40K, j’ai acheté le bouquin de base de la V3.

L. R

Depuis combien de temps ?

J. D

J’avais vingt ans, ça fait donc quatorze ans.

L. R

Une raison particulière pour laquelle tu as accroché à cet univers, qu’est-ce qui t’a plu ?

J. D

Outre l’aspect badass des Space Marines… Toute l’imagerie, très sombre, le côté très obscurantiste de ceux qui étaient pourtant présentés comme les gentils au centre de cette galaxie. Avec aussi quelques aspects qui faisaient très cliché, mais détournés selon un angle qui me plaisait bien (comme les vikings de l’espace que sont les Space Wolves).

Et puis certaines espèces xenos : au départ, plutôt que de commencer par jouer les Space Marines, j’ai porté mon choix sur les Eldars, pour l’esthétisme, l’arrogance, et la dimension « espèce condamnée » (qui est aussi un peu la situation de l’Imperium, si on y réfléchit bien). En plus de quoi, le principe des elfes dans l’espace, je trouvais ça cool.

L. R

As-tu d’autres segments littéraires ou ne jures-tu que pas la science-fiction comme nous ?

J. D

Voilà peut-être un aveu qui va faire grincer des dents : au départ, je ne suis pas un grand lecteur de science-fiction ou de fantasy (même si j’ai lu mes classiques, et même si j’aime beaucoup ces thématiques sur plein d’autres médias, comme au cinéma, ou dans le jeu vidéo). J’ai fait des études littéraires, un bac L, deux ans de classe prépa, et tout ce temps-là, j’ai dû accumuler des lectures qui font plutôt partie des grands monuments de la littérature ; et quand les auteurs de chez BL s’amusent à citer du Shakespeare ou du Coleridge, ça a son petit côté utile.

Aujourd’hui, j’essaie de garder des lectures assez diversifiées (puisque après tout, je lis du Warhammer 40K toute la journée !) C’est aussi une façon de naviguer entre plusieurs styles écrits, plusieurs vocabulaires.

L. R

Peux-tu nous citer le genre de lecture que tu aimes ?

J. D

Récemment, il y a eu, pêle-mêle, une méthode d’écriture par Orson Scott Card, la bio du chanteur des Red Hot Chili Peppers, un Exbrayat, le dernier roman de Michel Quint, du Régine Desforges, le Guide de survie en territoire zombie, Saint-Exupéry, Hemingway… Comme je l’ai dit, c’est assez éclectique. J’ai quelques œuvres fétiches que j’aime relire de temps à autre : Cyrano de Bergerac en fait partie, par exemple. Sinon, j’ai lu absolument tout Agatha Christie.

Ma dernière grosse claque a été La Religion de Tim Willocks, l’histoire particulièrement sanglante du siège de Malte par les armées turques, dont j’attends impatiemment la suite en français. Car oui, autant j’aime regarder les films et séries en VO (quoique, pas nécessairement tout le temps), autant je lis en français, pour rafraîchir mon vocabulaire, pour m’aérer la tête aussi. Avant La Religion, j’avais aussi plutôt apprécié Rien ne nous survivra de Maïa Mazaurette.

L. R

Quel a été ton parcours avant de travailler pour la BL ? Tes études, tes premières expériences ?

J. D

J’ai fait une maîtrise d’anglais, dont le sujet de mémoire portait sur Games Workshop (j’ai surtout eu la chance d’avoir un directeur de mémoire qui voulait bien de mon sujet !). Mais pas la peine de chercher ce mémoire, je ne l’ai jamais terminé, puisque j’ai répondu à une annonce dans le White Dwarf 75 (je crois), et c’est comme ça que j’ai été embauché au Studio de Games Workshop France. Mes premières traductions sont parues dans le WD 79, dans le livre d’armée Orques & Gobelins et le Codex Tyranides de l’époque. Le superviseur de l’équipe de trad’ s’appelait Phillippe Beaubrun, un nom qui parlera sans doute à certains, et le petit gars sympathique qui a été embauché quinze jours après moi pour bosser lui aussi au Studio s’appelait Mathieu Saintout.

J’ai suivi le déménagement de GW à Aix-en-Provence, et puis je suis parti début 2003, après deux ans et demi. J’ai commencé tout de suite ma carrière freelance, avec les trois romans qui ouvrent la série Vampires : l’Âge des Ténèbres.

Note: 

Vous pouvez aussi retrouver notre interview de Phillippe Beaubrun.

L. R

Traduis-tu des livres qui ne sont pas édités par la BL ? Freelance ?

J. D

J’en ai traduit quelques-uns pour Mathieu Saintout et le label Eclipse, notamment Zone de Guerre, le roman SF de Dan Abnett hors univers 40K, et qui a reçu le prix Bob Morane en 2012. À part ça, oui, j’ai été amené à bosser sur plein d’autres trucs : jeux vidéo, jeux de cartes à collectionner, relectures de règles de société ; la série de fascicules Atlas sur le jeu le Seigneur des Anneaux (dont j’avais traduit le système de règles à l’origine), une autre sur les véhicules Star Wars…

L. R

N’as-tu jamais voulu être auteur ?

J. D

Si, c’est même pour m’y entraîner que j’ai écrit pour le concours « le serment de l’instant » l’année dernière. J’ai encore une nouvelle Deathwatch au deux tiers finie qui traîne dans les cartons. Sinon, j’ai déjà publié une nouvelle érotique, mais sous pseudo ^_^

Sans vouloir rentrer trop dans les détails, j’ai aussi deux, voire trois idées de romans assez cernées, avec quelques articulations de l’histoire, quelques idées de scènes. Mais tant que je ne prendrai pas le temps de les écrire…

Note: 

Nous avions préféré le classer hors-concours, comme expliqué dans les résultats du concours Serment de l’instant.

L. R

Peux-tu nous expliquer en quelques mots quel est le processus de traduction ?

J. D

Dans un premier temps, le livre m’est envoyé, soit sous version papier (ce que j’ai préféré pendant longtemps, pour pouvoir vraiment toucher et sentir mon travail, corner les pages, prendre des notes), soit en pdf, ce qui, désormais que je travaille sur un bel écran bien large où je peux afficher le texte original et mon document de travail l’un à côté de l’autre, a finalement le mérite de prendre moins de place dans mes bibliothèques…

Pour les premiers romans que j’ai traduits, j’avais l’habitude de lire toute l’histoire en entier avant de commencer. Je préfère maintenant entrer directement dans le vif du sujet : ça préserve le suspense pour moi aussi, ce qui est plus sympa au jour le jour pour se motiver à avancer. Si je m’aperçois a posteriori que tel ou tel terme méritait en fait d’être traduit autrement, qu’il y avait un double sens quelque part, un jeu de mots, ou une allusion fine, je peux toujours le retoucher à la relecture.

À part ça, je compte le nombre total de pages, et je le divise par le nombre de jours de travail sur lequel je crois pouvoir compter (avec toujours une petite marge de sécurité en cas de surprise rigolote du quotidien, et avec deux enfants en bas âge, ça arrive assez souvent). J’essaie de m’astreindre à un rythme régulier, d’au moins 10 pages par jour, ce qui peut aller jusqu’à 30 les jours où je suis vraiment en forme.

L. R

Combien de temps pour effectuer la traduction ?

J. D

Ordinairement, j’ai droit à environ deux ou trois mois pour traduire chaque roman. Ce qui en fait à peu près quatre par an.

L. R

Dois-tu effectuer des corrections après remise à l’éditeur ?

J. D

C’est rare. J’essaie de rendre un travail vraiment très propre, et de toute façon, il y a des relecteurs qui passent derrière moi ; donc, ils me contactent plutôt pour me dire : « j’ai changé ça, la convention typographique n’est pas celle-là, etc. », ou pour m’envoyer un pdf annoté montrant les quelques petites choses qu’ils ont pu changer.

L. R

Quelles sont tes relations avec l’équipe Editoriale de la Black Library ?

J. D

Bonnes ! C’est Anthony Esteban, un Français, qui gère les publications de la branche Black Library France, je l’ai déjà rencontré une ou deux fois IRL, on se cause assez fréquemment au téléphone, c’est un nice chap. Le personnel anglais est aussi très sympa. Lindsey Priestley m’a notamment offert deux mugs Wallace et Gromit qui trônent fièrement dans ma collection, grâce lui en soit rendue (et aussi pour m’avoir permis de croiser son mari Rick Priestley !)

À part ça, j’entretenais d’excellentes relations avec Mathieu Saintout du temps où la licence 40K était gérée par Bibliothèque Interdite. Il fallait mettre un peu la main à la pâte, venir aider à faire la vente au Games Day, au Monde du Jeu, etc. Ça avait le côté sympa et artisanal des structures plus petites, ça permettait de squatter les canapés des uns et des autres, et il m’en reste d’excellents souvenirs.

Note: 

Nous avons aussi interviewé Anthony Esteban à l’occasion des Black Library Live, en 2013 et en 2014.

L. R

Qui a le dernier mot ?

J. D

Alan Merrett, loué soit Son Nom ! C’est lui qui définit tout le canon de l’Hérésie d’Horus, et qui est cité comme les Saintes Écritures quand il faut trancher sur tel ou tel point. Certaines choses comme les conventions typographiques sont bien sûr imposées à tous les traducteurs du groupe ; pour le reste, quand il s’agit par exemple de traduire de nouveaux termes, chaque traducteur est un peu maître de son travail. On se consulte parfois les uns les autres, on met notre réflexion en commun (en faisant souvent des calembours pas permis. Vous seriez consternés.)

L. R

Où travailles-tu ?

J. D

À la maison ; ma femme est d’ailleurs dans la même situation que moi-même (pas traductrice, mais en télétravail), sauf qu’elle part de temps en temps en déplacement, et que moi, ma seule sortie pro de l’année, c’est le Games Day. Du coup, je reste là, tel l’artiste esseulé en sa tour d’ivoire, et je dois parler tout seul autour de la machine à café. Heureusement, il me reste mon chat imbécile pour venir réclamer des câââlins et mordiller les figurines qui traînent sur mon bureau, quand ce ne sont pas les enfants qui veulent brusquement regarder un bout de dessin animé sur Youtube.

L. R

Par curiosité, peux-tu nous dire quel a été le premier roman que tu as traduit ?

J. D

Le tout premier a été « Nosferatu », consacré aux vampires de ce clan, dans la série « Vampire : L’âge des Ténèbres », dont j’ai traduit les trois premiers tomes.

L. R

T’en souviens-tu comme une bonne expérience ?

J. D

Ça reste un bon souvenir, pour le bouquin en lui-même, mais aussi pour la découverte de ce travail à l’époque, celui de traduire spécifiquement des romans. Et puis j’associe ça à une chouette période de ma vie, encore un peu bohème, où j’habitais avec ma chère et tendre un 20m² dans lequel je restais enfermé toute la journée, comme maintenant. J’avais une vue sur la cour de mon ancien lycée, c’était la sonnerie des cours qui rythmait ma journée de travail.

L. R

Certaines de nos lectures VO nous ont prouvé qu’un bon livre VO ne fait pas toujours un bon livre VF. Pourrais-tu nous donner ton opinion là-dessus et si ton travail a une réelle influence sur la qualité finale d’un roman ?

J. D

Tout à fait d’accord ! Je ne vais pas vous rebattre les oreilles avec l’exemple de Charles Baudelaire ayant fait des merveilles sur Edgar Allan Poe (quoique si, en fait, je viens de le faire). Mais j’insiste pour dire que le métier de traducteur demande une certaine sensibilité à l’œuvre de départ : il faut sentir les inflexions du rythme (c’est assez important pour une bonne scène d’action), le style, le niveau de langage, pour pouvoir répercuter tout ça de la meilleure façon possible.

Après, il faut s’efforcer de respecter au mieux l’esprit et la tournure du texte. Quant à juger de mon propre travail, on ne peut pas être à la fois juge et partie. Un des principes essentiels est toutefois de toujours chercher le mot juste, le plus adapté, ce que je m’efforce de faire. En résumé, ce qu’il faut pour traduire, c’est une bonne compréhension de la langue de départ, une bonne maîtrise de la langue d’arrivée.

L. R

Y a-t-il un roman dont tu n’as pas été le traducteur et que tu aurais voulu traduire ?

J. D

En ce qui concerne Black Library, mon grand regret a été de ne pas traduire les romans de Ciaphas Cain, car j’ai dû me pisser dessus de rire au moins trois fois quand j’ai lu le premier. Et j’en reste un lecteur assidu. Ça m’aurait sans doute demandé un sacré boulot pour faire passer tout l’humour qu’il y a dedans, je crois que j’aurais adoré ça.

L. R

Toi qui as traduit la majorité des romans de l’Hérésie d’Horus, lequel t’a donné le plus de mal ? Pourquoi ?

J. D

Surement Un Millier de Fils, parce que jusqu’à récemment, c’était le plus gros des romans de l’Hérésie (détrôné depuis par L’Ange Exterminatus), et parce qu’il a fallu que je le traduise pendant les vacances, dans un coin trèèès reculé de la campagne, sur un PC (alors que je suis très Mac, depuis tout petit, c’est la vérité vraie), sans Internet, et en m’occupant de mes enfants qui étaient encore tout jeunes. Mais c’était donc lié aux conditions, et pas à la qualité. Sinon, il n’y a pas vraiment eu de titre plus ardu que les autres, ou bien ça tenait parfois au style de l’auteur… En règle générale, on retrouve à peu près dans tous les romans de l’Hérésie des citations et des références plus ou moins cachées, du vocabulaire parfois un peu alambiqué et scientifique ; donc, non, aucun ne m’a vraiment donné plus de mal qu’un autre.

Les deux romans qui m’ont vraiment demandé plus de boulot ont été Double Eagle et Titanicus, mais qui ne font pas partie de l’Hérésie d’Horus : parce que le vocabulaire était parfois très technique, très mécanique, et que j’ai dû faire pas mal de recherches pour me constituer un lexique. Avec en prime, toute la chorégraphie des combats aériens ou entre machines géantes.

L. R

Un roman favori ?

J. D

Dans la série de l’Hérésie d’Horus, ça se joue entre Prospero Brûle et La Bataille de Calth. Deux Abnett, comme par hasard. Prospero Brûle pour ce que Dan a fait des Space Wolves, à savoir : autre chose que des vikings ou des décérébrés. La Bataille de Calth pour cette présentation chronologique parfois très factuelle. Dans le premier, il y a toute une partie à la première personne, et le second est raconté entièrement au présent ; Dan Abnett n’a pas peur de bousculer le mode de narration habituel de temps en temps, et j’adore ça.

L. R

Y a-t-il un auteur de l’univers 40k que tu aimes particulièrement traduire ?

J. D

Cf. la question précédente : j’ai maintenant mes habitudes avec Dan Abnett, j’aime beaucoup ce qu’il fait, et il est très sympa et sa femme aussi, ce qui ne gâche rien. Après, je mettrais Graham McNeill, plus classique du point de vue narratif, mais très efficace, et Aaron Dembski-Bowden, dont j’arrive enfin à orthographier le nom sans me tromper et qui commence vraiment à sortir du lot. En règle générale, plus ils sont agréables à traduire (par la fluidité, la cohérence, la vivacité de ce qu’ils dépeignent ; pour la qualité de leurs histoires aussi) et plus je les apprécie.

L. R

Un bon traducteur doit aussi avoir de bonnes notions en tant qu’auteur. Ton eshort avait impressionné lors du Concours du Serment de l’Instant, aurais-tu des conseils à remettre à nos participants afin qu’ils nous surprennent davantage la prochaine fois ?

J. D

Écrire à l’économie, surtout dans le cas d’une nouvelle où on a vite fait d’atteindre la limite maximale de mots ; distiller les informations au fil du récit sans le laisser paraître, plutôt que d’aller s’engluer dans des descriptions trop longues (ce qui est aussi valable pour le roman, soit dit en passant). Visualiser sa scène comme une séquence de cinéma, pour ne pas faire l’impasse sur les détails cruciaux, mais en sautant ceux qui peuvent l’être, pour aller à l’essentiel.

Pour ma part, les meilleurs conseils d’écriture, je les ai trouvés dans Écriture. Mémoires d’un métier de Stephen King, que je recommande à tout le monde.

Note: 

Les nouvelle soumises pour le concours Serment de l’instant n’ont pas encore été reportées sur la V3 du site, mais cela ne saurait tarder.

L. R

Quels médias ou supports occupent tes journées ?

J. D

Je dois admettre que je suis fourré sur Facebook toute la journée, ça me tient lieu de collègues de travail virtuels avec lesquels bavarder. Je suis assez porté sur les films, même si dernièrement, j’ai plutôt eu tendance à dériver vers les séries : celles que tout le monde a vues, Game of Thrones, Breaking Bad, The Walking Dead, avec aussi du Sherlock, Misfits ou du 30 Rock. J’ai commencé The Wire, et je garde une tendresse toute particulière pour Oz.

À côté de ça, je ne regarde plus du tout la télé. À part ça, un peu de lecture, un peu de jeu vidéo, et beaucoup de Lego avec mes enfants, qui sont encore un peu petits pour se mettre à 40K.

L. R

L’ebook prend de plus en plus d’importance de nos jours et la BL propose d’ailleurs certaines nouvelles uniquement sous ce format. Un avis sur la question ?

J. D

À titre personnel, je reste très papier ; j’aime l’odeur et le contact de la page, et le fait de pouvoir trimbaler un bouquin sans craindre de s’asseoir dessus (cela étant, je suis plutôt soigneux avec les miens). Je ne possède pas de liseuse, même si je comprends ceux qui aiment ça, notamment le fait que l’objet n’encombre pas l’espace chez ceux qui n’ont pas de place pour une tonne de bouquins.

Il faut bien voir que pour un éditeur comme Black Library, l’avantage de l’e-publication est de pouvoir offrir une gamme large et variée avec plus de facilité. Car oui, imprimer un livre physique coûte des sous, ce qui oblige à faire certains choix de rentabilité. Tous les lecteurs n’auront pas nécessairement envie de fiction concernant spécifiquement la Garde de Fer de Mordian, la Death Korps de Krieg, ou bien telle ou telle bataille, mais pour ces quelques-uns, il est plus facile à Black Library d’essayer de les satisfaire.

Après, la politique tarifaire relève d’un autre débat, qui est le même que dans toute l’édition à l’heure actuelle.

L. R

Un petit mot pour motiver nos chers lecteurs qui voudraient se mettre à la VO ?

J. D

Ne faites surtout pas cette erreur, car sinon, je n’aurai plus de boulot.

Blague à part, dites-vous que lire en anglais offre même un avantage par rapport aux films en VO : c’est que les mots sont figés sur la page, ils vous permettent d’y consacrer tout le temps qu’il vous faut, et même de griffonner quelques notes en gardant un dictionnaire sous la main. Commencez donc par une nouvelle pas trop longue et vous verrez bien ; et tant qu’à s’exercer à l’anglais, autant le faire sur des sujets qui vous plaisent, non ?

L. R

Pourrais-tu nous dire quel livre tu traduis actuellement ?

J. D

Je suis tenu par un accord de confidentialité, hélas, et ça n’est pas moi qui décide des infos qui filtrent ; mais comme les sorties françaises suivent souvent celles en anglais avec quelques mois de décalage, il n’est pas bien difficile de deviner sur quels livres j’ai pu travailler récemment, et ceux dont je vais bientôt m’occuper. Je suis au courant de quelques intrigues sur lesquels planchent actuellement les différents auteurs, mais en ce qui concerne ces titres-là, motus.

Bon allez, un indice quand même. Il devrait y avoir des Space Marines dedans.

Interrogatoire face au lance flamme

Plutôt Space Marines Loyalistes ou Rénégats ?

Si c’est « face au lance-flammes », plutôt loyaliste. En vrai de vrai, plutôt loyaliste quand même. Parce que même les gentils ne sont pas des héros tout propres sur leur blanc destrier. Mais je dois avouer que l’Hérésie d’Horus m’a passablement réconcilié avec les space marines dits « du Chaos », en leur donnant une profondeur et en développant leurs motivations. Ils ne sont plus seulement des faire-valoir déclinés en quatre saveurs (quoique l’aspect « quatre cavaliers de l’Apocalypse » des dieux du Chaos m’ait toujours plu).

C’est qui le plus fort entre un ork et un Space Wolf ?

Entre un ork de base et un Space Wolf de base, le Space Wolf (entraînement, expérience, barbe virile qui donne +1 en Force et +15 en coolitude). Après, si on parle de leurs patrons qui se fritent, c’est un autre cas de figure. Le Big Boss représente quand un même un sacré tas de viande.

Ton favori parmi les Primarques ?

Dur comme question. Ça peut paraître une évidence, mais chacun a tellement quelque chose de bien emblématique et de particulier… S’il faut répondre, je choisirais ceux des Space Wolves et de l’Alpha Legion. Justement parce qu’il sont un peu plus que ce qu’ils paraissent être.

A qui donnes-tu le karma le plus pourri, Les Fantômes de Gaunt, à Uriel Ventris ou à Horus ?

Aaaaah… Dur à dire. Les Fantômes tombent comme des mouches, et sont souvent envoyés au feu pour les mauvaises raisons. Malgré tout le poids qui pesait sur ses épaules, et malgré ce qui l’a fait basculer, Horus a quand même la chance d’être à peu près aux commandes de ce qu’il veut accomplir. Tandis que les Fantômes savent qu’au bout du chemin, ils n’auront rien à trouver.

Si tu devais rencontrer l’Empereur, tu lui dirais quoi ?

Si je le rencontrais à la période de la Grande Croisade : *les yeux brillants, un trémolo dans la voix *
 — Papa ? C’est toi ?
Je doute que ça marcherait, mais bon, ça se tente.
En vérité, si je ne fondais pas en larmes à sa seule vue, si son regard ne me faisait pas couler le cerveau par les oreilles, qu’est-ce qu’il faudrait demander à un être pareil, qui sait tellement de choses, qui a tout vécu ? En fait, de notre point de vue de mortels, on passerait forcément à côté d’une question essentielle. Celui qui se retrouverait aujourd’hui devant Marylin Monroe aurait envie de lui demander : « alors, vous vous êtes suicidée, c’était pas un meurtre ? » ou : « alors, il était comment JFK ? ». Et du coup, il ne penserait même pas à lui demander : « alors, c’est comment après la mort ? »
Voilà, c’est ça qui me ferait peur si je devais me retrouver devant l’Empereur : passer à côté de l’essentiel, à cause de ce décalage entre lui et moi. Un peu comme si d’un coup, tu te retrouvais à discuter avec Dieu.
Donc je crois que le plus prudent, c’est de lui demander la combinaison gagnante du Loto.

Nous tenons à remercier Julien Drouet pour ses réponses.

  • Publié le Dimanche 27 avril 2014
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  • Par Priad