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Space Marine Battles : interview du traducteur Sébastien Delmas

Afin de continuer notre série d’interviews dédiée aux traducteurs de la Black Library, il était temps de se tourner vers Sébastien Delmas, l’homme derrière les romans de la saga Space Marines Battles. Après Philippe Beaubrun et Julien Drouet c’est donc au tour de ce dernier de nous raconter sa plongé dans l’univers de Warhammer et les raisons qui l’y ont poussées.

L. R

Warhammer 40K, travail ou passion ?

S. D.

Une passion avant tout, même si au fil du temps, l’enthousiasme à l’idée de travailler pour Games Workshop, une entreprise qui m’a bercé toute mon enfance, a cédé la place à une certaine sagesse. Cependant, je reconnais que je ressens toujours cette pointe d’excitation et de curiosité lors de la sortie de nouveaux projets… Au fond de moi, je reste un FBDM, c’est plus fort que tout le reste !

Note: 

FBDM : Terme suggestif décrivant la caractéristique principale de toutes les personnes qui trempent dans le Hobby. Initiales des mots Fan Boy de M…

L. R

Comment es tu rentré dans ce vaste univers ? Depuis combien de temps ?

S. D.

Mon frère et certains de ses amis jouaient aux jeux de rôles lorsque j’avais environ 6 ans (nous étions alors en 1986). J’ai eu mes premières figurines peu de temps après (issues des gammes Ral Partha, Grenadier…). Mais c’est à 9 ans que j’ai contracté le virus GW, avec l’achat de la boîte du jeu Heroquest. Après, j’ai suivi un cheminement commun à beaucoup de hobbyistes : Space Crusade, Space Hulk, Adeptus Titanicus, Blood Bowl, les fameux Livres Dont Vous Êtes le Héros… À l’époque en France, Warhammer en était à ses balbutiements. Je ne m’y suis vraiment intéressé qu’à partir de la 4ème.

L. R

Qu’est ce qui t’a plu ?

S. D.

Hum, difficile à dire après plus de vingt ans ! Je crois que c’était le côté imaginaire des univers, qui permettait de s’évader, de rester dans sa bulle. J’étais un petit garçon plutôt introverti. La peinture, le jeu, la lecture des livres… tout cela me donnait l’occasion de m’inventer un univers personnel dans lequel je pouvais trouver refuge.

L. R

As-tu d’autres segments littéraires ou ne jures-tu que par la science fiction comme nous ?

S. D.

Non, comme tu peux le constater d’après ma réponse précédente, je suis entré dans le hobby grâce à Warhammer, donc du médiéval fantastique. Cependant, mes goûts ont évolué depuis, et je pense être quelqu’un de très éclectique. J’aime bien papillonner d’un genre à l’autre. Je n’ai pas d’a priori, toutefois si un bouquin ne m’accroche pas dès les premières pages, je ne fais pas l’effort de le terminer : le temps est notre denrée la plus précieuse, et je préfère le consacrer à des activités stimulantes.

L. R

Peux-tu nous citer le genre de lecture que tu aimes ?

S. D.

Toutes, du moment qu’elles me plaisent ! Centenaire de la Première Guerre Mondiale oblige, je suis en train de lire une BD intitulée  l’Ambulance 13, de Sébastien Bouet, Alain Mounier, Patrice Ordas et Patrick Cotias, qui dépeint de façon poignante et réaliste l’horreur de ce conflit. Avant cela, j’ai lu le dernier prix Goncourt, Au Revoir Là-haut de Pierre Lemaître, toujours sur la Première Guerre Mondiale. J’aime bien feuilleter des ouvrages Osprey, et j’ai bien entendu lu des incontournables comme Machiavel, Sun Tzu ou Clausewitz pour élargir ma culture militaire. Je suis aussi avide de livres psychologiques ou philosophiques: inconditionnel de Boris Cyrulnik, que j’admire pour sa carrière et son courage, je trouve également qu’on peut tirer des enseignements incroyables de vénérables comme Platon ou Sénèque. J’ai même été étonné du modernisme des propos de ce dernier, près de deux mille ans plus tard.

Je considère Guns, Germs and Steel (en Français De l’Inégalité parmi les Sociétés), de Jared Diamond, comme une œuvre majeure. Je l’avais emmenée lors de mon voyage de noces, et je l’ai dévorée en quelques jours, et ce en dépit des autres contingences matrimoniales qu’implique ce genre de séjour ! Mais je vous rassure, mon épouse garde malgré tout un excellent souvenir de notre périple !

Je pourrais continuer ainsi pendant des pages, toutefois il suffit de dire que je n’ai pas de champ de lecture défini : du moment que le livre revêt un intérêt dans n’importe quel domaine, je peux y adhérer. Bien évidemment, au milieu de ce foisonnement un peu confus, il y a eu quelques couacs avec des auteurs dont les idées ou le style ne me correspondaient pas, mais je ne les citerai pas pour ne froisser personne (d’autant plus que mon opinion est bien évidemment totalement subjective…)

L. R

Quel a été ton parcours avant de travailler pour la BL ?

S. D.

En fait, mon parcours avec BL se poursuit en parallèle avec mon métier « habituel » : je bénéficie d’un CDI en tant que traducteur au sein du Studio Français de GW, et ce depuis plus de 10 ans.

L. R

Tes études, tes premières expériences ?

S. D.

Mes parents m’ont poussé à passer un Bac S (scientifique), mais j’ai toujours eu plus d’affinités avec les matières littéraires. Après mon Bac, je me suis inscrit en Fac d’Anglais, car je n’avais pas le niveau pour intégrer Maths Sup. ou Maths Spé. (et de doute façon je n’en avais aucune envie). Comme j’étais plutôt bon en Anglais, je me suis orienté vers la Fac, sans trop savoir ce que j’allais faire dans la vie. Je me disais que de toute façon, j’aurais toujours la possibilité de devenir prof. C’est également à cette époque que je me suis éloigné du hobby : j’étais à l’âge bête, celui où on se sent pousser des ailes, où on cherche son indépendance.

J’ai quitté le giron familial, et j’ai découvert l’environnement de la Fac, où on est livré à soi-même. Autant vous dire que je n’ai pas beaucoup bossé pendant ces quatre années, surtout que la Fac de Lettres d’Aix-en-Provence est un vivier de filles vraiment ravissantes… Rétrospectivement, je ne regrette rien ! Par miracle ou parce que le destin m’a souri, j’ai tout de même réussi à arriver en Master. Je rédigeais ma thèse sur la bataille de Trafalgar (bon patriote, j’aurais préféré Austerlitz, cependant mon maître de thèse était un anglophile convaincu…) lorsque j’ai vu une annonce dans White Dwarf proposant un job de traducteur. J’ai postulé et j’ai été pris.

Bon là, je vous fais la version courte : une annonce identique était parue quelques mois plus tôt, mais un certain Laurent Philibert-Caillat m’avait chipé la place qui me revenait de droit. Je n’ai été pris qu’à ma seconde tentative. Du coup, j’ai fait payer cher son coup de Jarnac à Laurent, qui a dû me supporter pendant plusieurs années au Studio GW…

L. R

Traduis-tu des livres qui ne sont pas édités par la BL ? Freelance ?

S. D.

Non, car mon boulot en tant que traducteur au Studio m’occupe déjà à temps plein. J’ai commencé par traduire pour Bibliothèque Interdite, mais ce n’est que depuis qu’elle est devenue Black Library que je me suis mis à traduire vraiment régulièrement en plus de mon travail. Le marché de la traduction dans les domaines de la science-fiction et du médiéval fantastique est très restreint (euphémisme) et je m’estime très chanceux d’avoir hérité d’une série aussi emblématique que Space Marines Battles.

L. R

N’as-tu jamais voulu être auteur ?

S. D.

Bien sûr que oui ! Encore une fois, le temps me manque, mais je ne désespère pas de coucher un jour par écrit de nombreuses notes que j’ai rédigées au fil des années. J’ai déjà une idée de roman pseudo-historique précise. Il ne reste qu’à la concrétiser.

Cependant, j’ai d’autres projets familiaux auxquels je dois d’abord me consacrer avant d’envisager de passer à l’écriture : ma fille de 15 mois, un futur bébé en novembre prochain, et la nécessité de préparer un nid douillet pour la famille qui s’agrandit !

L. R

Peux-tu nous expliquer en quelques mots quel est le processus de traduction ?

S. D.

Je reçois un fichier texte de la part d’Anthony Esteban, le boss frenchie qui a eu le courage de monter affronter la météo anglaise, et avec lequel je communique régulièrement par TSF (il ne faut pas oublier que l’Angleterre est une île reculée peuplée de gens frustes, qui n’a pas encore la chance de bénéficier des technologies les plus récentes). Il me donne ensuite une deadline pour lui rendre l’intégralité de la traduction (deadline que je mets un point d’honneur à ne jamais respecter : il est trop éloigné géographiquement pour venir me donner des coups de knout, et depuis que le Victory reste à quai à Portsmouth, la Navy n’a plus aucun moyen de rallier le continent…)

En ce qui concerne le processus de traduction lui-même, il consiste à remplacer les mots anglais arides et prosaïques par de belles phrases poétiques dans la langue de Molière. C’est très facile, car notre langue est la plus belle et la plus riche du monde. Un peu de prosélytisme ne fait jamais de mal.

L. R

Combien de temps pour effectuer la traduction ?

S. D.

Normalement, trois mois, car j’ai mon travail au Studio à effectuer en parallèle. J’ai déjà terminé la traduction d’un roman en deux mois, toutefois, j’évite de répéter trop souvent cette expérience afin de préserver ma santé mentale et l’intégrité de ma vie de couple (et de mes attributs virils, même si pour l’instant, mon épouse s’est toujours montrée tendre et compréhensive.)

L. R

Dois-tu effectuer des corrections après remise à l’éditeur ?

S. D.

Non, après avoir remis la traduction à Anthony, il la fait passer à un premier relecteur, dont la tâche consiste à traquer les répétitions, les coquilles, etc. Ensuite, un second relecteur vérifie le roman et chasse les dernières erreurs. Je peux avoir éventuellement un retour de la part d’un relecteur sur des erreurs qu’il jugerait dignes de me signaler, mais fort heureusement pour moi (et de façon rassurante), c’est rare.

L. R

Quelles sont tes relations avec l’équipe Editoriale de la Black Library ?

S. D.

Ma foi, pour l’instant elles sont bonnes, même si j’ai encore récemment planté Anthony sur une deadline. Sans doute m’attendra-t-il avec une hache la prochaine fois que je passerai lui dire coucou à Nottingham. C’est un garçon amical qui garde son calme en toutes circonstances (sans doute a-t-il hérité du flegme anglais depuis qu’il travaille à leurs côtés), mais je n’exclus pas qu’un jour, les autres traducteurs et moi le rendions tellement chèvre qu’il se fasse une crête orange et prononce le serment du Tueur pour effacer définitivement les rancunes qu’il a accumulées à notre égard.

L. R

Qui a le dernier mot ?

S. D.

Ma femme, comme dans tous les couples. Quoi, ce n’était pas la question ? Eh bien, Anthony, bien sûr. C’est à ça que sert la hiérarchie, sinon ça serait la chienlit !

L. R

Où travailles-tu ?

S. D.

Je serais tenté de répondre ce que je dis systématiquement à mes collègues lorsqu’ils commencent une phrase par « Où », mais je vais me refréner (je t’assure que c’est très difficile, les habitudes ont la vie dure !)

Bref, auparavant, je travaillais à Aix-en-Provence au Studio GW, et je traduisais le soir chez moi, dans une charmante petite bourgade nommée Peyrolles-en-Provence, célèbre pour ses dos-d’âne, sa foire médiévale et son lac, dont les eaux cristallines alimentées par la Durance (une rivière locale où on trouverait soi-disant des castors selon Mr Laurent Philibert-Caillat) ne comptent pas le moindre mafieux marseillais doté de semelles en béton, ce qui est suffisamment rare pour être signalé.

Cependant, depuis quelques semaines, tout le Studio GW est passé en télétravail, ce qui signifie que désormais, je travaille chez moi toute la journée.

L. R

Par curiosité, peux-tu nous dire quel a été le premier roman que tu as traduit ?

S. D.

Mon tout premier roman a été Les Anges des Ténèbres de Gav Thorpe.

L. R

T’en souviens-tu comme une bonne expérience ?

S. D.

Oui, bien sûr. Une expérience enrichissante, tout d’abord, même si la perspective de traduire tout un roman était un peu effrayante. C’est un exercice qui différait drastiquement de la traduction d’articles pour White Dwarf, ou de simplement quelques chapitres d’historique dans un Codex ou un Livre d’Armée. Ce roman m’a permis de gagner en confiance.

L. R

Certaines de nos lectures VO nous ont prouvé qu’un bon livre VO ne fait pas toujours un bon livre VF. Pourrais-tu nous donner ton opinion là-dessus et si ton travail a une réelle influence sur la qualité finale d’un roman ?

S. D.

Si l’histoire du roman en VO est intéressante, je pense qu’il y a toujours une possibilité pour le traducteur de fournir une bonne version en VF. Notre travail ne consiste pas à modifier une histoire ou une trame narrative, cependant nous avons la possibilité d’imprimer un ton, de donner un rythme au récit par divers artifices propres à la langue française, par exemple par le biais du tutoiement, en retravaillant l’harmonie des mots au sein d’une phrase, et surtout, en choisissant le mot juste pour traduire une émotion, une situation, un décor.  

L. R

Y a-t-il un roman dont tu n’as pas été le traducteur et que tu aurais voulu traduire ?

S. D.

J’ai dit plus haut que je ne voulais pas citer mes mauvaises expériences de lecture, toutefois tu ne me laisses pas le choix : j’aurais aimé traduire Hyperion, de Dan Simmons, car la traduction française m’a tellement rebuté que je n’ai pas réussi à dépasser les cinquante premières pages. Encore une fois, c’est un avis totalement subjectif, mais je trouve que les phrases sont trop lourdes, interminables. Il arrive qu’une seule d’entre elles s’étale sur une moitié de page ! Pour moi, c’est rédhibitoire…

L. R

Quel roman t’a donné le plus de mal ? Pourquoi ?

S. D.

Sans doute La Faille de Gildar, de Sarah Cawkwell. C’est d’autant plus dommage que Sarah est à ma connaissance la seule femme qui écrit pour Black Library, ce serait donc l’occasion d’avoir un point de vue féminin sur l’univers sinistre de Warhammer 40,000. Malheureusement, ce livre souffre de phrases souvent plates, voire de pléonasmes, sans parler des personnages caricaturaux, comme ce capitaine space marine un peu benêt au vu des décisions qu’il prend, ou encore Huron Sombrecœur, qui est décrit en long, en large et en travers comme un dément baveux. Et je ne parle pas de l’intrigue affligeante et des scènes qui frisent la bouffonnerie… c’est la seconde fois que tu me pousses à dire du mal de quelqu’un, ça commence à m’énerver !

L. R

Un roman favori ?

S. D.

Peu de romans m’ont laissé des souvenirs impérissables, cependant dans un genre assez léger, j’aime beaucoup la série sur Sir Harry Paget Flashman par George MacDonald Fraser. Je ne pense pas trop m’avancer en disant que ce personnage a très largement inspiré celui de Ciaphas Cain. Ses aventures fictives se déroulant dans le contexte d’événements réels permettent d’apprendre en s’amusant beaucoup de choses sur l’histoire riche, mais pourtant souvent boudée en France, du XIXe siècle. À chaque fois, la lecture d’un de ces romans m’a poussé à me renseigner sur les événements qu’il décrivait.

L. R

Y a t-il un auteur de l’univers 40k que tu aimes particulièrement traduire ?

S. D.

Parmi ceux qu’il m’a été donné de traduire, je dirais que c’est Chris Wraight qui me donne le plus de plaisir. J’ai commencé avec Schwarzhelm et Helborg, tous deux très bons (avec une petite préférence pour le premier), puis La Bataille Du Croc, Colère d’Acier… ses histoires sont souvent bien ficelées, avec des personnages complexes qui apportent beaucoup à l’intrigue.

L. R

Quels médias ou supports occupent tes journées ?

S. D.

Internet, internet, internet : mon abonnement me donne accès à de nombreuses chaînes de télé, toutes plus affligeantes les unes que les autres, si bien que j’ai complètement délaissé ce média. La télé me sert donc essentiellement pour écouter de la musique via les radios proposées dans l’abonnement, d’autant plus que contrairement à d’autres, je n’arrive pas à me concentrer avec du bruit dans les oreilles. Je réserve donc la musique pour mes moments de détente.

Le reste du temps, je suis devant mon écran d’ordinateur, et lorsque je veux faire une pause, je regarde des trucs stupides faits par des gens admirables, comme theoatmeal.com  ou www.monsieur-le-chien.fr. Je regarde presque quotidiennement les news du hobby sur www.tabletopgamingnews.com et sur boardgamegeek.com. Et quand je veux me détendre devant un petit jeu rapide, je me rends sur l’excellent site fr.boardgamearena.com, qui permet de jouer rapidement et gratuitement à divers jeux de plateau. Et de temps à autre, je me tiens au courant des nouvelles du vaste monde en consultant des sites d’informations ennuyeux. Néanmoins, j’évite de le faire trop souvent, car j’en ressors presque toujours déprimé…

L. R

L’ ebook, prend de plus en plus d’importance de nos jours et la BL propose d’ailleurs certaines nouvelles uniquement sous ce format. Un avis sur la question ?

S. D.

C’est un format très pratique, on ne peut le nier. C’est infiniment moins encombrant qu’un bouquin en papier, malgré tout, je trouve que le plaisir de lire n’est pas le même. Et puis je vais jouer les vieux cons, mais il symbolise aussi pour moi le consumérisme ambiant qui s’est emparé de la planète depuis l’avènement d’internet : il nous faut tout, tout de suite. On ne se contente plus du CD (sans parler de la cassette audio!) qu’on écoutait en boucle. Désormais, on ne s’estime plus satisfait si on n’a pas des centaines de gigas de données de musique sur son disque dur (qu’on écoutera jamais de toute façon), si on ne peut pas se connecter depuis n’importe quel lieu (souvent simplement pour dire sur Facebook les choses les plus insipides du monde) et si on n’a pas le dernier épisode de Games of Thrones quelques heures seulement après sa diffusion sur HBO…

Bon, je vais cesser là ma tirade, sinon on va me jeter des cailloux, mais des fois, je trouve qu’on se déshumanise peu à peu. D’un autre côté, je reconnais bien volontiers tous les avantages de la technologie, notamment dans le cadre de mon travail. Je fais partie d’une génération à la croisée des chemins, qui a vécu jusqu’à 15 ans sans internet, et qui a connu ensuite la révolution numérique, dans laquelle je me suis jeté sans hésiter. Il y a donc une part de nostalgie que je n’arrive pas à chasser de mon esprit, cependant j’imagine que la génération qui nous suit ne ressent absolument pas les choses ainsi.

Donc pour résumer, les e-books, c’est très bien pour avoir rapidement le livre qu’on veut et l’emporter partout, et se constituer rapidement une bibliothèque impressionnante et virtuelle. Mais n’empêche, quand je fais un bivouac en montagne ou que je pars en routard à l’étranger, je suis bien content d’avoir un livre en bon vieux papier qui ne tombera jamais à court de batterie !

L. R

Un petit mot pour motiver nos chers lecteurs qui voudraient se mettre à la VO ?

S. D.

Bien sûr ! Lisez en VO tout autant qu’en français. Profitez du meilleur des deux mondes. On peut parfaitement être amoureux du Français et lire avec plaisir des ouvrages en anglais, d’autant plus que beaucoup d’entre eux ne sont pas traduits.

L. R

Pourrais-tu nous dire quel livre tu traduis actuellement ?

S. D.

Je ne dirais rien, même sous la torture, car je sens déjà la hache d’Anthony effleurer ma gorge, et son souffle rauque sur ma nuque (je viens de me rendre compte que cette phrase ferait un bon synopsis pour un roman Arlequin…). Sachez simplement qu’il y aura des space marines

L. R

Que penses-tu de la communication de la Black Library à l’égard de ses fans ?

S. D.

Heu… très honnêtement, rien de rien, parce que je ne m’en préoccupe pas. J’évite d’aller sur les forums, car je suis un petit être sensible et la moindre remarque désobligeante vis-à-vis d’une de mes traductions me brise le cœur… et comme je travaille de chez moi en France, loin de l’Angleterre, je n’ai aucune information sur les décisions marketing de Black Library. Mais je sens ta question pétrie d’amertume, peut-être devrais-tu t’adresser directement à plus compétent que moi en la matière ?

L. R

Ce n’est pas trop répétitif de traduire constamment des batailles de space marines ?

S. D.

N’oublie pas qu’en parallèle, je traduis au sein du Studio. Je ne suis pas donc attelé toute la journée à des histoires de space marines. De plus, dans un roman Space Marines Battles, les scènes de combats n’occupent que la portion congrue du livre. Les autres chapitres servent à planter le décor, à développer l’intrigue et les personnages. Donc si les scènes d’affrontements sont certes souvent répétitives, le reste change d’un roman à l’autre. Généralement, il n’y a qu’une seule bataille finale, la conclusion violente d’une intrigue tissée dans les quatre cinquièmes du roman.

Interrogatoire face au lance flamme

Plutôt Space Marines Loyalistes ou Rénégats ?

Loyaliste, tout simplement parce que maintenant que j’ai une compagnie de combat peinte, je suis bien obligé de jouer avec. Si je devais avoir des renégats, il n’y en aurait qu’une toute petite poignée, les chefs de guerre d’une armée constituée essentiellement de sectateurs et de gardes impériaux corrompus, histoire de leur donner à chacun une personnalité fouillée, en opposition au côté anonyme et parfois un peu ennuyeux des loyalistes. Après tout, c’est bien connu, c’est plus rigolo d’incarner un Sith qu’un Jedi !

C’est qui le plus fort entre un Ork et un Space Wolf ?

Selon Chris Wraight, un Space Wolf peut bouffer trois douzaines d’orks au p’tit déj›, et garder le big boss et sa suite pour son quatre heures. Et j’aurais tendance à être d’accord avec lui !

Ton favori parmi les Primarques ?

Sanguinius ! D’abord parce qu’avoir des ailes, c’est la méga-classe. C’est un héros de tragédie grecque transposé dans un sombre futur, un hommage à une bonne partie des sources d’inspiration de Warhammer 40,000. Il est capable de prédire l’avenir, se sait condamné, mais se rend tout de même au combat affronter son destin. Il est tellement inhumain dans sa façon d’appréhender ces événements qu’il en devient l’incarnation parfaite du primarque.

Qui a le plus mauvais karma entre les Fantômes de Gaunt,  Uriel Ventris et Horus ?

Je dirais Horus, parce que je n’ai pas lu les autres romans. De toute façon, son karma est vraiment, mais vraiment pourri. Un peu comme le méchant dans un épisode de Scoubidou : « Sans ces maudits primarques et leur stupide Empereur, mon plan aurait fonctionné ! »

Si tu devais rencontrer l’Empereur, tu lui dirais quoi ?

Je lui demanderais si le buvard de LSD que je viens de prendre est frelaté, si c’est Konrad Kurze qui vole autour de ma tête, et surtout, je lui conseillerais de mettre ses p… de chaussures de golf !

Nous tenons à remercier Sébastien pour le temps qu’il nous a consacré avec cette interview et de l’excellent humour dont il a su faire preuve.

  • Publié le Vendredi 30 mai 2014
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  • 3 corrections après publication
  • Par Drystan