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Critique de Pharos par Priad

Publié le Samedi 15 octobre 2016 | 8 révisions avant publication | 1 correction après publication

Ainsi qu’ils avaient été ordonnés, ses hommes éteignirent le système de leur armure, et désactivèrent leur balise ainsi que leur communication vox. L’affichage marquant les légionnaires sur le viseur de Skraivok se mit à clignoter vivement, affichant de nombreuses alertes rouges comme si tous ses combattants étaient morts d’un seul coup dans une tempête de feu.
Skraivok éteignit ses alarmes. Ils avaient tous su se cacher particulièrement bien à l’intérieur de cette station.
Toutes les diodes de leur armure, ainsi que les lentilles de leur casque moururent doucement, alors qu’ils réduisaient l’énergie au minimum afin de conserver uniquement les fonctions essentielles.
Toutes les connexions entre Skraivok et ses frères cessèrent. Il s’imagina les entendre murmurer à propos de son adhérence aux vieilles pratiques de la légion, mais sans cette grille de discipline il n’était rien.
Skraivok ne pouvait qu’entendre son souffle, le bruit continu du moteur de son armure ainsi que son léger grincement. Chacun d’entre eux était maintenant complètement seul et isolé ; une chair génétiquement modifiée dans de la céramite entourée parla froideur de l’espace.
Tout allait dépendre du timing et de l’initiative de ses hommes. Contre des ennemis xenos ou bien encore des civilisations humaines s’étant détournées de la parole de l’Empereur, cette stratégie aurait fonctionné. Ce plan avait déjà marché à de nombreuses reprises dans le passé. Mais il y avait une importante différence à prendre en compte cette fois-ci, et ces nouvelles variables pouvaient mettre en péril le plan de Skraivok.
Ils allaient combattre des Ultramarines.

Pharos, le 34ème tome de l’Hérésie d’Horus, nous emmène dans le secteur de Thramas, et plus particulièrement le monde de Sotha, poursuivant la trame débutée avec Imperium Secundus. Guy Haley fut donc aux commandes de ce qui fut son tout premier roman dans la saga. Il avait bien évidemment participé à nombre de nouvelles et autres audio drama depuis ces quelques dernières années, mais ce fut véritablement un tout autre challenge qui se présenta à lui avec l’écriture de ce nouveau tome centré sur les Ultramarines et les Night Lords.
La croisade de Thramas est un pan de l’histoire qui m’était vraiment peu connu. J’avais pu lire la novella Prince of Crows d’ADB nous démontrant comment les forces de Konrad Curze tentait de s’opposer aux Dark Angels, mais ma connaissance des évènements dans ce secteur était quelque peu limitée.

Avec Pharos, Guy Haley eut la responsabilité de faire suite à l’excellent Imperium Secundus en conservant certains éléments (le bleu des Ultramarines pour commencer), tout en implémentant au coeur de l’histoire l’appareil que l’on nomme le Pharos. Le secret autour de son fonctionnement sera bien gardé car difficile pour un auteur d’expliquer en détail l’usage d’un appareil xenos, mais l’on apprendra chapitre après chapitre comment ce dernier peut s’avérer utile dans la lutte contre les forces d’Horus.

Les informations nous étant données avec parcimonie et parfois avec un minimum de clarification pour garder le suspense, certains passages garderont tout leur mystère levant lentement le voile du pouvoir de ce phare. On se languira d’en apprendre plus même si un petit tour sur le Lexicanum vous permettra de lire en quelques lignes les enjeux existant autour du Pharos. L’auteur essayera donc de construire le mystère du Pharos en utilisant des moyens assez artificiels et poussifs, le tout pouvant s’expliquer au travers d’une simple analogie.

Utilisé pour les sauts dans le warp un peu comme l’Astronomican actant comme un phare, le Pharos sera davantage considéré comme une lanterne permettant d’éclairer la voie. Entre les mains de Guilliman, il permettrait d’appeler à lui les Légion Brisées afin d’aider à la construction de son nouvel Empire.

La structure du récit sera classique et nous suivrons un nombre limité de personnages, Ultramarines comme Night Lords, mais aussi Primarques, car ces derniers seront bien au cœur des enjeux.
Les Ultramarines tenteront de défendre la planète de Sotha au sein duquel se trouve le Pharos, alors que les Night Lords tenteront de mettre la main dessus. J’ai vraiment su apprécier la simplicité de l’histoire qui pour une fois conservera peu de lieu d’action et évitera la confusion de suivre trop de personnages à la fois. Un écueil qui je trouve affecte bien souvent le plaisir de lecture des dernières productions. Les chapitres seront généralement dédiés à une légion ou bien aux Primarques et l’on aura plaisir à suivre chaque histoire en parallèle, même si j’ai trouvé la trame des Primarques plutôt faible en comparaison du travail effectué sur les autres personnages.

Guy Haley donnera vie à des héros comme Oberdeii, un scout Ultramarine, ou encore Polux que nous avons déjà croisé dans Les Ombres de la Traitrise. Dans le camp d’Horus, nous aurons Kellendvar et Kellenkir deux personnages ô combien intéressants chez les Night Lords. L’auteur se plaira à nous donner des détails sur leur passé et mettra en exergue la violence de ces derniers au travers d’interactions musclées. Même si Aaron Dembski Bowden reste le maitre incontesté des Night Lords grâce à sa trilogie dédiée, il faudra reconnaitre à Guy Haley un certain talent pour donner du relief à deux légions si différentes dans le même livre.

Le début du roman nous permettra de nous introduire au scout Oberdeii et de comprendre sa différence comme notre héros recevra des visions du Pharos. Une ouverture originale qui nous plongera dans l’inconnu de ce que devenir un Space Marine implique. Pourtant, l’auteur qui avait autant insisté pour nous décrire ce personnage dans le premier chapitre n’hésitera pas à le laisser de côté à de nombreuses reprises. J’avais déjà eu cette même impression en lisant White Scars de Chris Wraight. L’auteur nous introduit un personnage dès les premières pages comme pour nous signifier son importance, mais nous ne le suivrons pas de manière consistante par la suite.

La structure d’un roman comme L’Ascension d’Horus permet de s’attacher à Loken car il est le héros de chaque chapitre, et même si la nécessité d’aborder plus d’une légion dans un même livre rend cela impossible, pourquoi ne pas se limiter à moins de personnages ? Comme indiqué auparavant, Pharos ne donne pas autant cette impression de confusion comme des titres comme The Vengeful Spirit, mais l’on aura finalement bien des difficultés à différencier des personnages principaux aux personnages secondaires. Un constat agaçant.

Pourtant tout avait si bien commencé avec les premières 150 pages du livre si captivantes. Certains éléments comme l’usage du jet d’acide du Space Marine m’avaient fait penser que Guy Haley allait utiliser le plein potentiel des caractéristiques des fils de l’Empereur pour nous conter une histoire aux nombreux détails. Il avait su m’étonner avec Baneblade en justifiant l’intelligence des Orks et j’avais hâte de voir quelles autres bonnes idées il allait implémenter dans son récit.

De ce côté-là, on notera un chapitre entier dédié à Sotha et son Pharos. L’auteur nous décrit ce monde ressemblant à une utopie. Les descriptions sont légion et aident à se représenter ce lieu. Le Pharos est ici presque un personnage à part entière, un peu comme le Nautilus du capitaine Némo dans Vingt Mille Lieues Sous les Mers de Jules Verne. On nous décrira tantôt dans quel décor de paix il trône, avant de nous faire pénétrer à l’intérieur des cavités de ce Mont pour y découvrir ses miracles. Un contexte d’autant plus réussi que dans la seconde moitié du roman les Night Lords attaqueront la planète pour tenter de récupérer le Pharos. La bataille fera rage dans les forêts entourant le Mont et le contraste d’avoir eu l’impression de parcourir ces lieux en temps de paix viendra accentuer la violence de la guerre.

L’action sera beaucoup plus présente dans la seconde moitié du roman et l’on prendra plaisir à voir des Ultramarines tomber lentement mais inlassablement dans une embuche mise en place par les Night Lords. La perspective des Night Lords regardant soigneusement leur plan se mettre en place, telle une araignée observant sa victime prise dans la toile donnera un sentiment de satisfaction délectable.

Du côté de la garde de Sotha, les soldats n’hésiteront pas non plus à se battre, s’opposant aux Night Lords comme ils le peuvent. De manière étonnante on croira à cette confrontation qui semblera perdue d’avance. Voir cette peur de mourir dans les yeux de simples soldats défendant le Pharos contre les Night Lords fut une bonne idée, mais l’on reconnaitra une certaine ressemblance avec La Bataille de Calth de Dan Abnett.

Finalement, je garderai une impression en demi-teinte de ce roman. Malgré une lecture satisfaisante, des personnages hauts en couleurs et quelques bonnes idées, le roman restera à mes yeux une opportunité manquée comme le potentiel de faire un roman comme ceux de la quadrilogie d’ouverture aurait vraiment pu rafraichir la série. La saga se poursuit tome après tome sans jamais se concentrer uniquement sur un ou deux héros et nous baladant aux quatre coins de la galaxie. Découvrir le Pharos à travers les yeux d’un scout qui ignore tout du pouvoir de l’appareil et de l’enjeu qu’il représente aurait permis à l’audience de s’attacher à ce dernier, tout comme Loken joignant le Mournival et participant à une croisade qui le dépasse.

Pharos reste plus éloigné des canons actuels de la série évitant l’écueil d’une complexité non nécessaire, mais aurait définitivement pu s’imposer comme un renouveau, une nouvelle manière d’écrire les romans. Malheureusement, Pharos ne tente jamais pleinement cette approche et oscille entre une structure old school et des mécanismes déjà connus de tous.

Les plus

  • Le Pharos, le mystère se cultive.
  • Sotha, une planète aussi vivante que Calth avant sa chute.
  • Un scout que l'on a envie de suivre au fil de l'aventure.
  • Des Night Lords à l'esprit tordu.
  • Une première moitié très plaisante avec des trames très équilibrées entre elles.
  • Pas de compléxité artificielle.
  • Une écriture favorisant les dialogues, plutôt que de longues narrations.
  • Une superbe scène entre Curze et Sanguinius.

Les moins

  • Une seconde moitié qui souffre d'un changement de rythme soudain mais aussi d'une histoire qui s'essoufle.
  • Les répliques des Primarques manquent de panache et ces derniers ont vraiment peu de charisme d'un chapitre à l'autre.
  • Le Pharos, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
  • Un peu comme le labyrinthe de Konrad Curze dans Vulkan est Vivant, l'intérieur du Pharos est une opportunité manquée de nous offrir une solide séquence de divertissement.
3.5/5

Pour un premier roman, Guy Haley s'en sort avec les honneurs et nous conte une histoire simple et efficace entre les Ultramarines et les Night Lords. Avec une bonne pincée de drame, d'action, de Primarques et sans oublier les répercussions sur le 40K, l'auteur nous offre ici un roman de bonne facture. Cependant je ne peux cacher ma déception à l'idée que ce tome aurait vraiment pu marquer un tournant dans l'écriture de la série pour revenir à une approche plus classique et mieux maitrisée.