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Interview : Anthony Esteban, Responsable Editorial de Black Library France

C’est entre deux séminaires, qu’avec Priad nous avons eu la chance de faire une rencontre totalement inattendue avec un français travaillant pour la Black Library France. Voici donc l’interview qui en a découlé à l’improviste, autour d’une table à l’extérieur du Bugman’s Bar, dont la bière est délicieuse.

P.

Bonjour Anthony, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

A. E

Bonjour Priad, je suis Anthony Esteban, cela fait désormais deux ans et demi que je travaille pour Black Library France en tant qu’éditeur et chargé de production des romans en français.

D.

C’est comment la vie au Warhammer World ?

A. E

C’est génial, comme tu as pu le voir, tu peux venir au Bugman’s Bar juste après le boulot pour prendre une bière, si tu veux faire une partie, les tables et les figurines sont là. Si tu as une question sur un codex tu vas voir la personne qui l’a écrit directement.

Tout est fait ici pour que les gens soient détendus et travaillent dans les bonnes conditions. Tout le monde est très accessible ici.

P.

Tu travailles donc depuis la création de la Black Library France ?

A. E

Exactement. Ce qui s’est passé, c’est que la Bibliothèque Interdite distribuait les romans sous licence jusqu’en 2011. Puis, vient un moment où les dates s’entrecroisent, les stocks se vident, et ça a été l’élément déclencheur qui a fait que la BL a souhaité prendre la publication à son compte.

Nous avons donc repris le marché français, et j’ai commencé à travailler ici en septembre 2010, les premiers livres sont eux sortis lors du Games Day 2011.

P.

Y a-t-il une relecture avant la traduction car les romans de la BI étaient truffés de fautes ?

A. E

Ça dépend des romans, et de leur profil. La relecture n’est pas nécessairement refaite. Ce qu’il faut savoir, c’est que pour chaque roman qu’on sort, on a certaines attentes. On souhaite à la fois qu’ils fassent plaisir aux fans mais on s’organise aussi en fonction de ceux qu’ils sont le plus susceptibles d’acheter. Les marges parfois, ne permettent pas qu’on se permette le luxe d’avoir un relecteur, ça ne rentre pas forcément dans les frais. Maintenant, si on choisit de rééditer un roman c’est parce qu’on pense qu’il a un potentiel.

Dans tous les cas, même si ce dernier n’a pas été relu, je relance une relecture orthographique. Nos logiciels correcteurs sont maintenant assez performants là-dessus. Il faut savoir qu’on traite chaque mois environ 500 000 mots, étant donné que l’on sort entre trois et cinq livres par mois maintenant. Il y aura toujours des fautes qui vont passer au travers des diverses relectures, mais on s’efforce bien évidemment de livrer un produit de la meilleure qualité possible.

P.

J’ai l’impression que le traducteur a un impact sur le livre, vous vous rendez compte que ce choix peut avoir une incidence sur la qualité de ce dernier ?

A. E

Encore une fois, d’après les retours qu’on a, il est impossible de faire des généralités. Par exemple, en traînant sur les forums où en parlant aux gens, il va y avoir une personne ravie de la traduction et l’autre qui va la détester. C’est un peu la même chose avec les auteurs en langue anglaise : certains vont adorer le style d’un auteur et d’autres qui ne vont pas supporter le style d’un autre… Il n’y a vraiment rien qu’on puisse faire à ce niveau-là, c’est trop subjectif et ça dépend des goûts et des couleurs, qui heureusement sont divers et variés.

La manière dont j’essaie de travailler est de fonctionner en paire : un traducteur pour un auteur, ou par série, histoire de garder le plus de cohérence possible. Par exemple, pour L’Hérésie d’Horus, c’est Julien Drouet qui s’en charge, alors que pour Space Marines Battles on s’adresse à Sébastien Delmas. De mon point de vue c’est une question importante que les traducteurs soient familiers avec la série et la manière dont les choses se passent dans cette série. Pour les Space Marines Battles par exemple il y a énormément de batailles, alors que l’Hérésie, c’est une énorme narration avec beaucoup de background. C’est pour cette raison qu’il est important d’avoir un traducteur d’expérience.

P.

Dans ton travail tu as un impact sur quoi exactement ?

A. E

Pour les sorties simultanées en France et en Angleterre, comme par exemple la série Tyrion & Teclis de William King. On travaille main dans la main avec l’équipe anglophone. Pour la majorité des sorties françaises, c’est avec le range manager que je m’en occupe. C’est la personne qui s’occupe de la direction éditoriale générale (anglophone et internationale). Avec lui je tente de faire la même chose sur le marché français. On regarde ensemble le planning, puis on décide en fonction des sorties anglaises quels seront les romans français à insérer sur le marché. Nous nous posons des questions comme : Est ce que cette sortie arrive trop tôt ? Ce roman va sortir ce mois-ci, pourquoi ?

Nous avons une réflexion sur le long terme et on cherche à garder une cohérence avec les sorties anglophones. Il faut savoir que la BL France est toute jeune, il y a des périodes creuses, d’autres plus pleines, en fonction des vacances ou autres. Il y a aussi des caractéristiques propres à chaque pays, du coup on ne peut pas simplement recopier le modèle anglais et s’attendre à ce que ça fonctionne en France.

D.

Le marché français justement, est-il condamné à devoir acheter certains romans en édition collector en anglais, tels que Promethean Sun, Aurelian etc…?

A. E

Le fait que l’on soit que sur le marché français (BL France) fait que nous ne sommes pas en compétition avec nous-même (BL Angleterre), on peut donc cibler certains marchés. Maintenant, le but de la BL France est d’offrir l’offre la plus large et la plus complète possible à ses fans. Mais c’est quelque chose qui prend du temps.

Une gamme met longtemps à se développer, on ne peut pas sortir dix romans par mois, c’est se tirer une balle dans le pied. Nous savons que l’on ne peut pas plaire à tout le monde, on écoute les retours mais on se base surtout sur les chiffres de vente pour développer une gamme qui plaira à l’éventail le plus large possible.

P.

Quand vous parlez de se tirer une balle dans le pied, pourquoi ressortir chaque tome de la trilogie d’Eisenhorn (un par mois sur trois mois) puis ensuite de sortir Paria le quatrième mois. Vous savez qu’il est indispensable d’avoir lu Ravenor pour comprendre pleinement Paria. D’où vient ce choix ?

A. E

Encore une fois, c’est un choix difficile. On pourrait sortir six romans sur l’inquisition en six mois, mais cela serait au détriment d’autres romans. Et on ne veut pas sortir Paria dans 2 ans !

D.

Pourquoi alors ne pas sortir les deux trilogies sur l’inquisition en format omnibus ?

A. E

Parce que le public français n’est pas forcément réceptif aux omnibus. Nous avons aussi estimé qu’Eisenhorn est une série suffisamment populaire pour mériter qu’on commissionne de nouvelles couvertures, qui franchement sont superbes. Ils vont aussi sortir en plus grand format, le format B qui est celui des Space Marines Battles. Cette série comportera donc de beaux objets, je peux vous le garantir. De plus Paria, lui, sortira en hardback.

D.

Vous avez combien de temps d’avance entre le moment où la traduction est terminée et la sortie du roman en vente ?

A. E

Ça dépend, on a une petite dizaine de traducteurs qui ne travaillent pas tous à la même vitesse. Certains sont en freelance d’autre à pleins temps, il y a une grosse différence entre un professionnel qui est concentré seulement sur nos romans et un autre qui a du travail à côté.

P.

Une exclusivité française à nous donner pour les lecteurs qui nous suivent sur le Reclusiam ?

A. E

Hum… Oui, vous voyez Horus Heresy Collected Vision ? Nous allons sortir une version française en Automne avec les illustrations et le fluff mis à jour par rapport aux romans sortis. Les contradictions auront été corrigées et de nouveaux éléments feront aussi leur apparition, vous permettant de deviner dans quelle direction se dirige la saga de l’Hérésie D’Horus.

Note: 

L’ouvrage s’appelle Vision d’hérésie et est depuis sorti malgré des retards comme on nous l’a expliqué l’année suivante lors de notre seconde interview d’Anthony Esteban.

Un grand merci à Anthony pour sa disponibilité et son agréable compagnie. Merci de votre attention et bonne lecture sur le Reclusiam.

  • Publié le Vendredi 8 mars 2013
  • 5 corrections après publication
  • Par Priad