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Graham McNeill : interview d'un auteur pilier de la Black Library

Après la lecture de Vengeful Spirit à paraître le mois prochain en France, nous avons approché notre écossais favori pour lui poser quelques questions sur ce tome massif que beaucoup ont attendu.

Toujours disponible pour ses lecteurs, Graham McNeill n’a pas été avare en réponses, et c’est la raison pour laquelle cet entretien a donc été divisé en 2 parties. Il nous a d’ailleurs confirmé qu’il ne fallait pas s’étonner de la longueur de ses romans, ce dernier écrivant toujours plus que ce qu’il ne lui est demandé.

Bonne lecture !

L. R

Est-ce que tu pourrais nous dire comment un architecte de formation finit par écrire pour la Black Library ?

G. M

Aussi loin que je me souvienne j’ai toujours écrit des histoires. J’ai écrit une courte histoire lorsque je n’étais encore qu’au collège, et tenté l’écriture d’un roman d’horreur au lycée. J’ai aussi écrit pas mal de jeux de cartes, jeux de rôle et jeux de plateau tirés d’histoires se passant au 21ème millénaire (je fais référence ici à un jeu de plateau Judge Dredd, ainsi qu’un prototype wargame basé sur Rogue Trooper), donc on peut dire que raconter des histoires a été inscrit dans mon ADN depuis mon plus jeune âge.

J’ai écrit la première moitié d’un roman de fantaisie à la fin de mes années de lycée, et un autre de Warhammer 40K à l’université (ce qui explique d’une certaine manière pourquoi je n’occupe pas actuellement un poste d’architecte). Je suis tombé dans le piège des projets que l’on entame et que l’on ne termine jamais, un péché cardinal !

Et lorsque la situation s’est fait sentir je me suis trouvé un travail en relation avec mes études, l’architecture. Il s’est avéré que je n’étais finalement pas fait pour cette carrière, et j’avais bien heureusement conservé ma passion pour l’écriture. Lorsqu’une annonce est parue dans le White Dwarf en tant qu’écrivain pour Games Workshop, j’ai envoyé ma candidature le jour suivant. Après 2 sessions de fun, et un entretien à la fois bizarre et terrifiant, j’ai commencé à travailler pour Games Workshop. Nous étions en Février 2000.

Deux ans plus tard sortait Nightbringer. J’ai beaucoup appris en travaillant pour Design Studio et il y a peu de jobs qui vous donnent une telle opportunité. J’ai appris tellement que je n’ai jamais réellement pensé à partir. Et lorsque j’ai eu la chance d’écrire un roman complet pour la Black Library, il était difficile de partir, mais je n’ai vraiment jamais regretté ce choix en 8 ans.

L. R

Pourrais-tu nous en dire plus sur ta participation au projet Eternal Crusade ? Était-ce ta décision d’offrir tes services ?

G. M

C’est assez simple en fait, j’ai été approché par les gens de Behaviour Interactive (les personnes en charge d’Eternal Crusade) et nous avons discuté de ce qu’ils désiraient ainsi que de ce que je pouvais leur apporter. Les choses se sont alors mises en place à partir de là.
Nous avons engagé de plus amples discussions sur quels choix narratifs fonctionneraient le mieux et quelle sorte de jeux on préféraient, avant de réfléchir au moyen de conter l’histoire de Eternal Crusade.

J’ai vraiment adoré ce qu’ils avaient en tête pour le jeu et leur indéniable passion pour l’univers de Warhammer 40K. J’étais donc très excité à l’idée de faire partie du projet car après tout cela me permit de satisfaire mes 3 passions favorites, Warhammer 40K, le jeu vidéo et l’écriture. Comment ne pas intégrer le projet dans ces conditions ?

J’ai travaillé de manière très proche avec Ivan Mulkeen, le super designer narratif de l’équipe et l’ai aidé à développer les bases et les personnages de l’histoire. La plupart de mes participations au projet pour le moment concernent l’écriture de courtes fictions afin de développer le monde d’Arkhona, mais cela va changer, et nous verrons aussi plus de variétés de récits sur Arkhona dans le futur.

L. R

Lord of Mars est sorti il y a peu, clôturant ta trilogie. Est-ce que tu penses écrire autre chose sur le Mechanicus ? Y a-t-il certains aspects que tu n’as pas encore abordés avec tes récits ?

G. M

Gods of Mars est en effet le dernier bouquin de la trilogie, et durant l’écriture de cette série les choses ont pas mal changé, passant initialement d’une trilogie à un dyptyque, avant de suivre le schéma d’une trilogie de nouveau. Avec l’écriture de Gods of Mars j’ai pu étendre quelques fils narratifs dans d’autres directions afin que je puisse y retourner facilement et écrire de nouvelles histoires si demande il y a.

J’ai ainsi parsemé certaines graines qui pourraient avoir d’importants bouleversements pour Mars, si c’est quelque chose que les gens voudraient voir. J’ai d’ailleurs écrit une histoire courte prenant place sur Mars (Zero Day Exploit) et ayant pour but d’accompagner le roman Gods of Mars. Si une suite des livres ‹de Mars› devait paraître, alors vous retrouveriez certainement ces personnages.

Je pense que s’il devait y avoir un autre livre sur l’Adeptus Mechanicus, je souhaiterais qu’il prenne place sur Mars. J’ai volontairement évité cela avec ma dernière trilogie comme je voulais éviter d’emprunter les mêmes mécanismes que j’avais pu explorer avec l’Hérésie d’Horus et mon roman Mechanicum.
Mais avec ces 3 livres se passant à la bordure de la galaxie, je pense qu’assez de temps s’est écoulé depuis cela et je serai intéressé de voir une Mars différente à celle que nous avions pu voir pendant l’Hérésie, et avec l’Adeptus Mechanicus, il y a toujours de nouveaux aspects à explorer…

L. R

J’ai beaucoup apprécié ta première trilogie sur Uriel Ventris mais ai toujours pensé que la seconde n’était pas vraiment justifiée, voire nécessaire. Dans quelles circonstances as-tu décidé de poursuivre les aventures d’Uriel et Pasanius, parce que si je me rappelle bien à ce moment-là tu étais déjà beaucoup impliqué dans l’Hérésie d’Horus ? Penses-tu pouvoir nous en dire plus sur Swords of Calth la suite à paraître ?

G. M

L’idée derrière cette seconde trilogie était “Le retour à la maison”, car la première trilogie, elle, se terminait avec Uriel et Pasanius coincés dans l’Oeil de la Terreur. Je ne pouvais décement pas les ramener sur Macragge en un clin d’oeil, sans que le lecteur se sente trompé et qu’il se demande comment ils avaient pu revenir aussi facilement, ou encore si ces derniers étaient corrompus.

J’ai donc pensé que l’odyssée de leur voyage retour pour réintégrer leur Chapitre était un arc qui valait le coup d’être raconté. Chaque roman s’intensifie d’ailleurs alors que les enjeux sont de plus en plus importants. Avec Champ de Mort, seul nos 2 héros étaient impliqués, dans Courage et Honneur nous parlions de toute la compagnie, alors que dans le livre final La Part du Chapitre, le Chapitre entier était concerné.
Il fallait donc que je réintègre Uriel en tant que Capitaine afin de préparer le terrain pour la trilogie suivante où cette distinction devient d’ailleurs de plus en plus importante alors que l’histoire progresse.

La raison pour laquelle j’ai poursuivi les aventures d’Uriel et Pasanius est parce que je m’attache facilement aux «gentils». Dans l’univers de Warhammer 40K ils ont toujours l’air d’être en retrait, ce qui est en réalité une excellente situation pour tenter de développer tes personnages lorsque tu es auteur, comme il y a toujours des conflits et autres challenges, deux choses bien nécessaires pour garder le lecteur éveillé.
Cet univers a déjà plus d’antihéros qu’il n’en faut (j’en ai moi-même créé quelques-uns, comme Honsou par exemple) mais on y croit seulement s’il y a des «gentils» pour leur faire face, et les Ultramarines sont les plus proches de la définition même du «gentil» dans l’Imperium.

J’ai été impliqué dans l’Hérésie d’Horus au même moment comme tu as pu le souligner mais tous les auteurs te le diront, le meilleur moyen de rester frais et engagé dans de longues séries est de trouver de la variété dans ton travail. C’est la raison pour laquelle je m’implique dans un grand nombre de projets, 40K, Hérésie, Fantaisie, Time of Legend… et cela m’aide à garder mon travail intéressant, ce qui par découlement rend le tout intéressant pour le lecteur je l’espère.

Avec Swords of Calth  à paraître dans le futur, j’ai vraiment hâte de retourner au personnage d’Uriel et de me recentrer sur lui uniquement, à la tête de son équipe. Les Ultramarines vont être confrontés à une situation dont ils n’ont pas l’habitude, perdre.

L. R

Est-ce que nous verrons de nouveau Sharowkyn & Wayland, le commando Space Marine le plus badass  de l’Hérésie ?

G. M

C’est assez marrant que vous mentionnez cela… j’ai écrit une novella  de l’Hérésie d’Horus qui devrait sortir bientôt il me semble, et qui contient ces deux personnages. L’histoire se concentre sur l’équipage du Sisypheum (dernièrement vu dans L’Ange Exterminatus) alors qu’il rencontre les survivants du massacre d’Isstvan V et se lance dans une mission pour frapper les traitres, et plus particulièrement une légion “aux nombreuses têtes”…

L. R

Combien de temps cela prend-il pour publier un roman de la taille de L’Ange Exterminatus, d’un point de vue de l’auteur mais aussi de l’éditeur ?

G. M

Cela varie en fonction du sujet traité bien évidemment, de l’auteur aussi, ainsi que de la complexité du travail à fournir. En moyenne le processus pour poser une idée à plat et la développer avec l’éditeur pour être prête afin d’entamer son écriture prend quelques semaines. Il faut prendre en considération que l’idée de base a, elle, été déjà digérée au préalable la plupart du temps.

Ensuite, poser les mots sur le papier prend généralement 3 mois (ou plus si l’histoire se complexifie comme elle le fait dans la plupart des cas avec moi). Une fois que tout est écrit, les retours et corrections de l’éditeur peuvent prendre encore au moins un mois avant d’arriver devant ma porte, et que je ne retravaille les tous une dernière fois au stylo rouge.
C’est à ce moment-là que les dernières erreurs sont corrigées et que j’applique la dernière police (dans mon esprit) avant que cela ne soit envoyé pour impression. Ajoutez encore quelques mois pour ladite impression, ainsi que la distribution. Il s’écoule donc entre 6 à 7 mois entre la conception du livre et le moment où j’ai en main une copie physique.

Merci à Graham McNeill pour toutes ces réponses et son accessibilité.

N’hésitez pas à lire la seconde interview à paraître demain se concentrant uniquement sur le roman Vengeful Spirit.

  • Publié le Samedi 1 novembre 2014
  • 4 révisions avant publication
  • 2 corrections après publication
  • Par Priad