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Digne de le Servir

Leur position actuelle était devenue intenable, la maison qui les abritait menaçait de s’effondrer à tout moment, ravager par les tirs ennemis.

Le sergent Hassertow se tourna vers son officier de liaison, Ulie Koje, qui avait un écouteur collé sur une oreille et se bouchait la seconde avec son autre main, pour bien entendre la transmission radio au milieu de tout ce vacarme et malgré les parasites sur la fréquence. Koje venait d’être affecté à son unité et, au vue de son jeune âge, il venait tout juste de s’engager. Ses yeux bougeaient dans tous les sens et le jeune homme avait de plus en plus de mal à masquer sa peur. Il tourna son visage palissant à vue d’œil vers le sergent et lui fit un signe de tête.

« On a la confirmation,  cria-il. Bombardement de la zone dans moins d’une minute. Il nous faut nous replier. Jackson et Hordan, tir de couverture. »

Hassertow regarda ce qui restait de son escouade. A peine une demi-douzaine d’homme, soit moins de la moitié de son effectif initial. Deux étaient morts des suites d’une étrange infection, apparue peu avant la venue des envahisseurs. Les autres étaient morts au combat. Il entendait déjà le bruit caractéristique des moteurs des bombardiers en approche.

Il empoigna par le col Koje, dont les jambes semblaient ne plus vouloir soutenir son corps. Jackson et Hordan leur fournissaient un tir de couverture, avant de se replier derrière eux. A peine eurent-ils atteint le muret que les bombardiers surgirent et firent leur office. Le sol trembla et le peu de fenêtres encore intactes dans les immeubles tout autour explosèrent.

Hassertow jeta un coup d’œil pour voir les dégâts occasionnés. La maison où ils se trouvaient moins d’une minute auparavant n’existait plus, tout comme l’immense cour sur laquelle elle donnait. A la place, il y avait un cratère tellement profond et gigantesque qu’il ne pouvait qu’en deviner l’étendu. La poussière retomba avec les derniers débris soulevés par l’explosion.

« Bien fait pour ses fumiers » s’exclama Jackson, avant d’être pris d’une violente quinte de toux.

Comme quasiment toute son escouade, le soldat était infecté par l’étrange maladie. Hassertow s’était fait la réflexion, ce n’était pas seulement les organismes qui étaient contaminés mais la région tout entière. Les lacs se transformaient en marais, des mouches étaient apparues en nombre et l’air semblait plus pollué. Leur planète se transformait et cela avait quelque chose à voir avec les envahisseurs, il en était persuadé.

Au milieu du brouillard de poussière qui se dissipait lentement, un étendard surgit, bientôt suivi par son porteur. Bien qu’en partie déchiré, le tissu représentant un crâne entouré par un cercle vert avec trois pointes de chaque côté, sur un fond gris délavé, était encore visible. Son porteur était entièrement revêtu d’une armure du même gris délavé.

D’autres silhouettes émergeaient. Elles étaient plus grandes qu’un humain ordinaire et portaient toutes cette armure énergétique, ainsi que des armes tirant de puissants bolts.

Son escouade leur avait tendu des pièges à base de grenades, de mines et de bombes, des embuscades où ils avaient à chaque fois eu l’effet de surprise, et même ordonné une frappe de bombardier sur leur position. Ils avaient à chaque fois encaissés ces assauts et continués leur marche implacable. Leur lentille rouge semblait balayer la zone, à la recherche de cible. Mais ce qui le frappa, c’était que leur armure semblait en grande partie intacte et seulement recouvert de poussière.

C’était des Space Marines de la Death Guard d’après les briefings reçus. Ils devaient être repoussés à tous prix, pour le bien de l’Empire.

« Ulie, contacte l’état-major. On se replie vers le palais impérial. On n’est pas de taille à les affronter et je ne risquerai pas d’avantage la vie de mes hommes. »

Hassertow se retourna vers son officier de liaison. Ses doigts tremblaient tellement qu’il avait du mal à entrer la fréquence radio pour la communication. D’un signe de tête, il demanda à Hordan de l’aider.

Un nouveau bruit déchira le ciel. L’officier leva les yeux et vit de nouveau vaisseau en phase descendante. L’ennemi envoyait ses renforts.

Dans un vacarme fracassant, l’un des modules heurta les restes d’une maison près de leur position, pour s’écraser au sol. Il s’ouvrit, comme une fleur qui éclot, des rampes d’accès tombant de chaque côté. Un immense Space Marine dans une armure encore plus imposante que les autres en sorti. Il portait une faux, de la taille d’un être humain. Il se dégageait surtout de lui une impression de puissance absolue, une majesté et une aura incommensurable. Probablement leur seigneur, se dit l’humain avant de retenir une quinte de toux.

A sa suite, sortirent du véhicule d’autres Space Marines, eux aussi dans des armures plus imposantes. Ils devaient être en train de faire un rapport sur la situation et leurs regards se tournèrent vers le palais impérial, au pied de la montagne.

« Mort au faux empereur ! »

Les Space Marines avaient criés tous d’une même voix, portée par le vent. Mais ce qui frappa le sergent, c’était toute la haine sous-jacente contenue dans ces paroles.

- On se replie ! ordonna-t-il à son escouade.
- Les portes ne vont plus tenir longtemps. avertit Jackson.

Hassertow et son escouade avait réussi à rejoindre le palais impérial, où, avec ce qu’il restait de la Garde, ils avaient formé un dernier carré. Ils avaient barricadé les portes et construit rapidement des fortifications, bien conscient que les imposantes portes du palais ne retiendraient pas les envahisseurs très longtemps.

Il était le dernier haut gradé encore présent pour organiser les défenses, et il n’avait que le grade de sergent. Où étaient passés tous les officiers, il ne le savait pas.

Il jeta un coup d’œil aux forces présentes. Une cinquantaine de soldats, tout au plus. Et tous étaient diminués par la maladie et la fatigue. Certains commençaient même à avoir des pustules et autres horribles infections apparaissant sur leurs bras ou leurs visages.

Les portes principales tremblèrent violemment sur leurs gonds. Une tête d’une statue représentant une figure du passé tomba et éclata au sol. Il sortit son épée de son fourreau et se tint bien droit, au milieu de ses hommes. Il avait mal à la tête et se sentait de plus en plus fiévreux, mais il était hors de question d’abandonner.

Le coup de semonce suivant finit par faire céder les gonds et les deux imposants battants tombèrent sur le sol. L’immense Space Marine avec sa gigantesque faux apparut alors devant eux, bientôt suivit par tous ses Marines. Il marcha droit sur eux, lentement.

« Soldat de la Garde, cria Hassertow, feu à volonté, au nom de l’Empereur ! »

Tous ouvrirent le feu, visant le géant. Ce dernier ne fit aucun mouvement pour se protéger, il encaissa de plein fouet tous ces tirs, et continua à avancer comme si de rien n’était, comme s’il s’agissait simplement d’une rafale de vent. Arrivé aux pieds des barricades de fortune, il fit décrire à sa faux un large demi-cercle au-dessus de lui, avant de l’abattre violemment sur les fortifications, qui volèrent instantanément en éclat. Les Space Marines autour du géant ouvrir alors le feu et commencèrent à tuer tous les soldats.

Il ne restait plus aucun humain vivant. Hassertow était étendu par terre, le souffle de plus en plus court. De sa main droite sur sa blessure au ventre, il sentait son sang quitter son corps de façon alarmante.

Le géant à la faux vint se planter au-dessus de lui et baissa les yeux. Il avait ôté son casque, révélant un visage à la peau cuivré. Son expression était impassible.

« Où est ton empereur ? Sa voix était profonde et puissante.
 — Jamais je ne vous le dirai.
 — Je le trouverai et le détruirai de toute façon. »

Hassertow fut pris de convulsion et cracha du sang. Il mourut quelques secondes plus tard.

C’était l’escouade de Locastor qui avait trouvé la salle du trône et contacté Typhon.

« Tuez ces hérétiques, pas de survivants, avait ordonné le premier capitaine. »

Les escouades de vétérans Locastor et Grolkar avaient lancé l’assaut. Ils ne rencontrèrent personne et atteignirent le trône, au fond de la salle, pour y découvrir l’empereur. A ses pieds, une vingtaine d’humain gisaient mort. Locastor se pencha sur l’un d’eux. Il avait les yeux révulsés et de l’écume blanchâtre et poisseuse aux coins des lèvres. D’après ses vêtements, le sergent était prêt à parier qu’il s’agissait d’un officier. Il jeta un regard vers un second cadavre. Il semblait être mort de manière similaire.

Typhon avait appelé son primarque après avoir constaté que l’empereur était toujours vivant. Mortarion souhaitait être celui qui allait tuer le faux empereur.

Septyma était la neuvième planète que la Death Guard conquit au nom de la grande croisade, elle serait bientôt connue sous le nom de mille quatre-cent neuf.

« Seigneur, dit Typhon en sentant la présence de son primarque dans son dos, au son de sa faux qui martelait le sol comme une canne. Voici Septius, le dernier empereur. »

Mortarion examina l’individu. Il était avachit dans son trône, tellement obèse qu’il ne pouvait même plus se lever. Sa peau commençait à avoir une couleur verdâtre maladif. Il était infecté, comme le reste de la population. Il venait d’avoir le rapport de Nurtord, son apothicaire. La planète était contaminée à un niveau incurable par un mal inconnu, sans doute un virus xenos lui avait-il certifié. Il leur faudrait détruire cette planète.

Les yeux de l’empereur roulèrent vers lui et, à travers ses joues boutonneuses et potelées, se dessina un sourire. Son corps s’agita tandis que Septius s’étouffait et riait en même temps.

« Il attendait ta venue, articula-t-il de sa voix rauque. »

Mortarion se contenta d’avancer et d’éventrer le ventre d’un aller de sa faux, avant que le retour n’égorge le cou dodu de l’humain. Le rire s’évanoui.

« Retour au vaisseau, ordonna le primarque. Préparez-vous à détruire la planète une fois toute nos forces rapatriées. Je dois me rendre ensuite sur le Vengeful Spirit. Mon frère Horus veut s’entretenir avec moi, au sujet de l’Empereur. »

Ils avaient atteint l’extrémité de la salle du trône quand le rire retentit à nouveau, plus puissant cette fois. Septius était debout sur ses jambes. Ses intestins pendaient là où Mortarion l’avait éventré et des mouches s’échappaient de son coup, là où il avait été égorgé. Il commença à marcher vers eux. Ses jambes, pas suffisamment musclées pour soutenir tout son poids, se cassèrent mais cela ne le ralentit nullement.

« Je t’attendais, Mortarion. »

La voix était grave mais en même temps étouffée. Quand la chose qui avait été Septius parlait, du pu dégoulinait de ses lèvres, asphyxiant à moitié ses paroles.

« Qui es-tu ? demanda calmement le seigneur de la Death Guard en se retournant pour lui faire face.
 — On me connait sous bien des noms, mais tu peux m’appeler Nurglius, le héraut.
 — Que me veux-tu ?
-  Je voulais te rencontrer en personne et te juger, au nom de mon Maître.
 — Je sers uniquement l’Empereur, par l’intermédiaire du Seigneur de guerre, mon frère Horus, et seuls eux peuvent me juger. »

Le démon éclata de rire. Tous les marines de la Death Guard présent s’étaient redéployés tout autour du démon et attendaient l’ordre de leur seigneur pour ouvrir le feu. Perdant patience, Mortarion fit un signe de tête à Typhon, avant de tourner le dos au monstre et de quitter la pièce.

A travers les tirs de bolters et les rafales de lance-flammes qui visèrent la créature, le rire continua de retentir dans les oreilles du primarque et la voix du monstre, avant de mourir, raisonna dans sa tête, comme s’il s’était tenu à ses côté et lui avait murmuré aux oreilles.

« Le moment venu, quand tu seras désespéré et que tu appelleras à l’aide, mon Maître répondra à ton appel. Tu es digne de Le servir. »