Le ReclusiamCritiques des publications et Ebooks Warhammer 40 000 de la Black Library
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Achèvements choisis :

  • Ca pue l’Hérésie : Votre nouvelle se passera pendant l’Hérésie d’Horus
  • Pacifiste : Ne pas tirer un bolt ou autre coup de feu tout au long de votre nouvelle
  • Sacré-Saint : Mentionner l’Empereur

Mekha Eil regardait à travers la baie vitrée de ses appartements le monde gris cendre de 321-16, aussi connu sous le nom de Nashoenope, tourner sous la proue de son imposant croiseur de bataille de classe Retribution.

Il avait été envoyé dans ce coin perdu de la galaxie par le premier chapelain Erebus pour rallier la 17e compagnie du chapitre du Holy Circle à la nouvelle foi de la légion. Les ordres d’Aurelian envers l’ordre des chapelains étaient clairs : le Doré ne laisserait aucun de ses fils suivre une foi infondée et il importait aux prêtres guerriers de la légion de propager la nouvelle parole de l’Urizen aux frères demeurant encore dans l’ignorance.

Mekha Eil se souvenait encore du poids de la honte alors que sa légion toute entière se tenait rassemblée, agenouillée, humiliée, au milieu des restes calcinés de l’une des plus belles cités de la galaxie, cité érigée à la gloire d’un dieu vivant, dieu qui se tenait ainsi qu’une poignée d’Ultramarines, devant une légion entière bafouée. Le soldat le sentait, la douleur de voir son père prostré par la tristesse et l’humiliation sous le regard impassible de l’un de ses frères, soutenu par le maître du Serrated Sun Argel Tal alors simple capitaine, resterait gravée au plus profond de sa chair et de son être jusqu’à la fin de son existence.

La descente en surface fut brève, le stormbird noir orné de runes colchisiennes, de crânes stylisés et d’une représentation du Livre de Lorgar qui emmenait Mekha Eil partout où il allait, fendit le ciel clair et calme de 321-16 et alla se poser auprès de ses monstrueux frères de métal revêtus du gris de la légion.

Le capitaine Harapsili qui avait en charge le commandement opérationnel de la 17e compagnie et le chapelain Wassurme qui se chargeait de l’éducation spirituelle des hommes vinrent l’accueillir à la descente de son transport. Tous deux faisaient partie des premiers membres de la légion, nés sur Terra ils avaient longtemps bataillé à la recherche de leur primarque et ils avaient su s’arroger de nombreux honneurs au cours de leurs diverses campagnes. Cependant, la réorganisation de la légion sur les ordres du premier capitaine Kor Phaeron des suites de Monarchia les avait envoyés de nombreuses forces terranes superviser l’intégration à l’Imperium de mondes reculés.

Coupant court au protocole de bienvenue, Mekha Eil, utilisant l’importance de sa mission, demanda à ce que tous les chapelains de la compagnie se réunissent expressément et il suivit Wassurme vers la salle de prière.

La salle de prière de la compagnie était plongée dans la pénombre. Quelques cierges à moitié consumés diffusaient leur lumière autour d’un pupitre ornementé sur lequel un imposant ouvrage se tenait ouvert. Pour les êtres surmodifiés de l’Adeptus Astartes, paroxysme de l’ingénierie génétique humaine, le manque de lumière n’était pas un problème et en moins d’un demi-battement de cœur les yeux de Mekha Eil s’étaient adaptés et il distinguait parfaitement les quatre autres formes qui se tenaient dans la pièce.

Deux d’entre elles, revêtues des longues bures de toile grise de leur office se tenaient en retrait dans le fond du lieu de méditation, prêts à accourir pour répondre à n’importe quel ordre. Les deux dernières dépassaient les premières de plusieurs têtes et attendaient de chaque côté du pupitre. Les masses ornementées qui pendaient à leur flanc, symboles de leur statut, les distinguaient comme chapelains de la compagnie.

 — Mes frères, commença Wassurme, je vous présente le chapelain Mekha Eil, mandaté par le premier chapelain Erebus et notre père pour nous partager les dernières ajouts de l’Aurelian à son œuvre.

Mekha Eil esquissa un sourire, ses frères étaient semble-t-il restés trop longtemps loin de la légion et n’étaient pas aux faits de la nouvelle Parole.

 — Malheureusement, je ne suis pas ici pour vous apporter les derniers ajouts de Lorgar à son livre, commença Mekha Eil alors que ses confrères le regardaient surpris. 

Se déplaçant vers le pupitre sur lequel trônait le livre prônant la fausse parole de leur père, le chapelain repris :

 — Je suis ici pour vous partager la nouvelle parole de notre père qui s’est fourvoyé sur un chemin menant à une fausse vérité !

En disant cela, il avait saisi l’imposant ouvrage et le dirigea vers les flammes de l’un des cierges. Le vieux parchemin prit feu instantanément sous le regard médusé des cinq personnages présents.
Wassurme fut le premier à réagir devant un tel blasphème et il se jeta sur Mekha Eil qui leva la main.

 — Paix mes frères !

Le chapelain terran s’arrêta net alors que ses mains étaient prêtes à enserrer le cou de l’émissaire de leur père.

 — Cette foi que nous avions tous embrassé était fausse et je suis ici parce que notre père a décidé que tous ses fils devaient connaître la vérité. Le premier chapelain Erebus m’a confié la lourde tâche de vous initier à la nouvelle et vraie foi dont le Doré s’est fait le porteur.

Sur ces mots, Mekha Eil avait déverrouillé les attaches qui retenaient le lourd volume qui pendait à son côté et avait disposé ce dernier sur le pupitre. Détournant les mains de Wassurme de son cou, il supplia les chapelains présents :

 — Maintenant je vous en prie mes frères, oubliez l’ancienne parole et entendez la nouvelle, entendez les mots de notre père !

Le dogme de l’Empereur-Dieu était profondément ancré dans l’esprit des légionnaires de la compagnie et Mekha Eil avait beaucoup de mal à leur inculquer le nouveau dogme. Après avoir passé de nombreuses heures à exposer la nouvelle parole de Lorgar, l’un des chapelains, un terran dénommé Gershom avait mis en doute le nouveau dogme embrassé par la légion et les autres chapelains avaient commencé à argumenter en son sens. Mettant fin à cette première séance de travail, Mekha Eil avait tenté d’expliquer à ce mauvais élève en quoi il était dans son tort. Ce dernier avait alors coupé court à la conversation lorsqu’ils arrivèrent devant les appartements alloués à l’émissaire d’Aurelian.

Le lendemain, alors que Gershom et quelques uns de ses hommes supervisaient l’installation de nouvelles machines dans l’une des profondes mines de 321-16, une émeut éclata, menée par les membres de l’ancienne église de la planète. Malheureusement Gershom et l’un de ses hommes furent tués avant que l’émeut ne soit matée.

D’autres cas de défiance envers la nouvelle foi prirent çà et là parmi les rangs des légionnaires, mais tous ne furent que temporaires alors que certains légionnaires disparurent au cours de leurs rondes lors d’attaques menées là encore par les partisans de l’ancienne religion de la planète ; une religion barbare d’après le capitaine Harapsili qui vénérait des déités innommables et utilisait régulièrement les sacrifices humains. Les hommes de la compagnie furent très vite mobilisés pour traquer les dernières cellules de ces fanatiques, mais certains restaient insaisissables.

Mekha Eil n’avait finalement réussi qu’à rallier une vingtaine de soldats à la cause de la nouvelle foi mais les autres légionnaires commençaient à douter de sa foi et il lui arrivait parfois d’entendre des mots tels que « traitre » ou encore « hérétique » être employés à son encontre. Mekha Eil décida alors de déclamer un ultime sermon.

Rassemblant les soldats de la compagnie, il entreprit pour la dernière fois de démontrer le mensonge de la foi en l’Empereur et de convaincre ses camarades de se rallier à la seule et vraie foi.
Après plus d’une heure au cours de laquelle il avait fini par user de toute son éloquence et de tous les outils que sa formation de chef spirituel lui avait apporté, il se rendit compte qu’il n’arriverait à rien. Pointant son doigt vers le ciel, il déclama :

 — Et les dieux en leur toute-puissance feront déferler leurs fidèles sur les hérétiques, et ceux-ci périront pour n’avoir pas su embrasser la seule vraie foi !

Ses mots se perdirent dans le claquement de tonnerre caractéristique de la téléportation et lorsque la poussière soulevée se fut dissipée, le chapelain avait disparu, délaissant son auditoire perdu à jamais à la vérité de la parole de Lorgar.

Peu de temps après, plusieurs navettes de transport revinrent de la surface de 321-16 avec à leur bord l’escouade d’infiltration Marcian et plusieurs dizaines de zélotes de la légion.

 — Vous m’avez fait demander Mekha Eil ? demanda le sergent Marcian en entrant dans la baie d’observation des appartements de son supérieur.
 — En effet Marcian, répondit le chapelain, le premier capitaine et maître de la foi Kor Phaeron nous ordonne de rejoindre la flotte principale.
 — Le cardinal noir réunirait-il les membres de la confrérie du Cœur Sombre ?
 — C’est cela même, la purge des rangs de la légion est encore en cours et nous avons pris du retard à cause des ordres d’Erebus. Si seulement le premier chapelain n’avait pas voulu tenter de sauver ces hérétiques, notre mission aurait été terminée beaucoup plus tôt et nous serions déjà en route vers une nouvelle destination.
 — Pourquoi le premier chapelain cherche-t-il à réunir les hérétiques qui n’arrivent pas à se détourner du mensonge qu’est la foi en l’Empereur ? chercha à savoir le sergent.
 — Je n’en ai aucune idée, dit Mekha Eil, peut être se sent-il obligé de tenter de sauver un maximum d’âmes égarées, tout comme il a essayé durant tant d’années de faire d’Argel Tal un chapelain digne de ce nom. Nous avons vu où cela à mené ce dernier, cracha-t-il.
 — Vous devriez vous méfier chapelain, dire ça de l’un des élus de l’Aurelian pourrait être dangereux, le mit en garde Marcian.
 — Argel Tal a beau être le commandant des élus de Lorgar, il n’en reste pas moins que le vrai pouvoir se trouve dans l’ombre, aux mains du premier capitaine. En parlant de Kor Phaeron, il serait peu judicieux de la faire attendre. Fais donner les ordres, nous appareillons immédiatement ! ordonna Mekha Eil en se détournant de la baie vitrée pour quitter la salle.

Derrière la baie s’étendait 321-16, toujours aussi grise qu’à l’arrivée du missionnaire, non pas du gris rocailleux du sol, mais plutôt du gris cendreux de la livrée des Word Bearer zébré des nombreux éclairs orangés de la lave en fusion crevant le manteau rocheux de la planète.