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Critique de Aurelian par Maestitia

Publié le Jeudi 7 juin 2012 | 5 corrections après publication

— Ingethel, » répéta-t-il.
Les os du démon craquèrent lorsqu’il se redressa lentement.
— Je suis en vie. Plus pour très longtemps. Mais pour le moment. » Il tourna son visage monstrueux face au sien. Ses yeux abominables étaient troubles comme sous l’effet d’une cataracte. « Tout est terminé. Tu as assisté à tout ce que tu devais voir.
— Quelle part était vraie ? » réclama Lorgar.
— Tout, » lui dit le démon. « Ou rien. Ou peut-être la réponse est-elle entre les deux. »
Lorgar hocha la tête.
— Et si je souhaitais en voir encore davantage ? Vous m’avez montré ce que les dieux exigeaient que je voie. Maintenant, montrez-moi ce que je veux voir. »
Le démon étreignit de ses bras rachitiques son large torse moucheté.
— Cela est permis. Que voudrais-tu que je te montre, fils de l’Empereur ? »
Lorgar prit un moment, afin de trouver les mots justes.
— J’ai vu ce que je devais faire pour m’assurer la victoire. J’ai vu le destin de la galaxie si les mensonges de l’Empereur n’étaient pas remis en cause. Maintenant, je voudrais fouler d’autres mondes dans l’Œil. S’il est bien le portail vers le paradis et l’enfer des mythes humains, montrez-m’en davantage. Montrez-moi ce que le warp peut offrir à l’Humanité si nous consentons à cette fusion de la chair et de l’esprit.
— Je peux faire tout cela, Lorgar. Comme tu le souhaites. »
Le Primarque hésita.
— Et avant que je retourne vers l’Imperium, il y a une chose entre toutes que je dois voir.
— Nomme-la. »
Lorgar sourit tristement derrière sa plaque faciale inexpressive.
— Montrez-moi ce qui arrivera si nous perdons.

Aurelian prend place durant les évènements du Premier Hérétique (tome 14), lors de l’élipse narrative au moment où le Capitaine Argel Tal réaparrait de l’immaterium avec ses troupes transformés.
Cette nouvelle (novella de 92 pages en version originale) sortie en octobre 2011 était une édition limitée tirée à 6 000 exemplaires comptant deux versions : or et argent.
Ce récit était uniquement disponible en anglais pour notre plus grand malheur. Il aura fallu attendre 2016 pour avoir une traduction de la plume de Julien Drouet, disponible dans le recueil de nouvelles intitulé L’Œil de Terra.


Aaron Dembski Bowden reprend donc le pélerinage de Lorgar Aurelian, Primarque des Word Bearers et récent invité du démon Ingethel l’Ascendant. En début d’aventure, cet ouvrage intègre efficacement un flash-foward d’un dialogue vraiment passionant avec Magnus le Rouge prenant place après le Massacre du Site d’Aterrissage d’Istvann V. Ce dernier veut savoir ce que Lorgar a vu lors de son voyage dans le warp. Lorgar raconte ainsi à son frère psyker son excursion. Beaucoup de détails et d’explications sur le warp, les démons, ainsi que les autres créatures non-nés qui y règnent sont abondamant présentées et développées. C’est bien sûr cette visite mystique d’Aurelian au coeur de l’œil de la Terreur qui est le centre de la nouvelle. Enfin, un épilogue à propos de la mystérieuse possession du Primarque Fulgrim vient clore le récit sur de nouveaux mystères.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : cette lecture est indispensable pour qui veut comprendre le Chaos et la place qu’il prend dans l’univers de Warhammer 40 000. Rien que ça.

Pour ce faire, A.D.B. brille toujours par ses dialogues dignes de films à succès. On dévore les pages les unes après les autres car Aurelian est un réel concentré de lore, mais avant tout de mise en contexte ! Quand ce ne sont pas des combats épiques (bien que souvent dispensables), ce sont des révélations étonnantes qui nous sont partagées, ainsi que des réflexions philosophique qui nous sont offertes.

Les descriptions sont plutôt rares ici et A.D.B. met réellement l’accent sur les joutes verbales entre Primarques. Avant de conter son voyage dans le warp au cyclope, Lorgar fracasse Fulgrim (qui n’est pas Fulgrim), insulte Horus devant ses frères et humilie Magnus le Rouge. L’auteur nous fait très bien comprendre que l’Urizen n’est plus le faible qu’il était et que la vérité l’a transcendée.
Bien que son affrontement avec un Avatar de Khaine (rampant, faible et misérable) ne soit pas aussi épique que sur la première de couverture de la novella, c’est la leçon d’Ingethel qui est à propos : les dieux peuvent mourir et être ignorants. La Chute des Eldars et la naissance du dieu du Chaos Slaanesh sont abordées en exemple.

Ingethel va le faire voyager à travers les âges et les mondes, le passé et le futur. Il sera propulsé dans un futur possible, mais non certain, où ses Word Bearers ont accomplis la symbiose avec les non-nés du warp luttant devant la Porte de l’Éternité face aux forces de Sanguinius et Rogal Dorn. C’est un véritable cours initiatique aux puissances de la ruine et à son importance dans l’univers, mais aussi aux mensonges, aux possibilités infinies, aux choix et au destin.
Après cette excursion aux frontières du réel, Aurelian en reviendra changé à tout jamais. Ce ne sera plus le Primarque faible dont ses frères se moquaient ouvertement. Son potentiel sera enfin révélé avec toute les conséquences que cela implique et notamment, la connaissance sur le sort de la galaxie.

Pour conclure la nouvelle, le Primarque Aurelian de retour de l’œil, exigera de la chose qui possède l’enveloppe charnelle de Fulgrim de lui montrer où se trouve réellement son frère. Soulevant ainsi de nouvelles interrogations quant au sort des âmes qui se laissent dominer par les démons au lieu de fusionner avec.

Les plus

  • Aurelian au centre de l’histoire, le titre tient ses promesses et les surpassent.
  • Une immersion dans l’œil de la terreur abondament décrite développée.
  • Une centaine de page d’une rare richesse : dialogues, narration, combats et lore réunis.
  • Cours initiatique sur la Vérité Primordiale.

Les moins

  • Combats épique, mais superflus.
  • Cinq année d'attente pour le savourer en français.
  • Une nouvelle qui aurait eu sa place dans Le Premier Hérétique.
4.5/5

Il ne manquait rien au Premier Hérétique, mais après avoir lu cette nouvelle, vous comprendrez mieux le warp, le Chaos et son interdépendance avec l'humanité. Ce récit est galvanisant en plus d'être diablement bien structuré. On enchaîne les chapitres avec passion, les uns après les autres, car nous sommes propulsé dans les bottes de Lorgar : à la recherche du pourquoi, du comment, bref de la vérité.