Le ReclusiamCritiques des publications et Ebooks Warhammer 40 000 de la Black Library
Navigation
Navigation

Ringil

Achèvements choisis :

  • Ca pue l’Hérésie : Votre nouvelle se passera pendant l’Hérésie d’Horus
  • Pacifiste : Ne pas tirer un bolt ou autre coup de feu tout au long de votre nouvelle
  • Sacré-Saint : Mentionner l’Empereur
  • Comme si on y était : Faire une description détaillé d’un lieu, d’un décor

La Terre, le berceau de l’humanité, était aujourd’hui son dernier bastion. Cette situation aurait paru à peine croyable il y a encore vingt ans. En effet, l’Humanité avait imité les exploits de la civilisation Eldar. Ainsi, l’Empereur était le souverain d’un empire ridiculisant les précédentes entités politiques humaines. Malencontreusement, cette période avait fait place à la guerre civile…

Au milieu d’une immense flotte multicolore, un croiseur jaunâtre de petite taille dérivait lentement autour de la Terre. Le vaisseau d’une centaine de mètres de long semblait ridicule en comparaison du Phalanx. De conception fort ancienne, l’embarcation était loin de copier la grâce d’un vaisseau d’inspiration gothique. Avec des circuits apparents, le modèle aurait même pu se fondre à la flotte de la Death Guard. Seul le symbole de la septième légion à la poupe ainsi que la couleur safran du navire auraient contrarié une telle mission d’infiltration.

L’engin n’était néanmoins pas dénué d’intérêt stratégique. Le canon laser de proue pouvait facilement atomiser une fortification ennemie en surface. Sur ses flancs, les armes secondaires étaient capables d’annihiler des chasseurs xenos les plus robustes. Cependant, avec ses moteurs à bas régime, le vaisseau était comparable à un navire abandonné. Drôle de sarcasme pour un engin arborant le nom de « Majestueux ». À bord, l’équipage rompait avec cette illusion. En cette époque si troublée, l’inaction était proscrite. Le personnel chargeait les derniers thunderhawks d’armes en tous genres. Dans ce dernier baroud d’honneur, chaque munition compterait. À ce propos, à la fin du second millénaire, un homme versé dans l’art de la propagande avait considéré qu’il était important de se battre « jusqu’à la dernière cartouche ».

Toutefois, au sein de ce tumulte, deux hommes regardaient paisiblement l’espace. Que le lecteur se rassure, les deux compères n’étaient pas sur le pont d’embarquement mais plutôt sur une passerelle supérieure. Cette dernière fut d’ailleurs l’endroit préféré des commémorateurs. À travers la grande baie vitrée, ils pouvaient contempler le vide spatial et trouver l’inspiration pour rendre hommage aux légions de l’Empereur. Cette époque était malheureusement révolue. Les deux hommes qui s’étaient réunis n’étaient pas des artistes. À vrai dire, il était même difficile de les considérer encore comme de simples humains. Les mutations génétiques n’affectaient pas seulement le corps.

L’âme des guerriers de l’Empereur était toute particulière. Ces créatures ne connaissaient pas la peur et ne vivaient que pour la guerre. Mais, trêve de mystères, les deux interlocuteurs étaient bel et bien des spaces marines. Les héros de la grande croisade. L’un d’eux, usé par les nombreuses campagnes et les voyages spatiaux, se tenait légèrement courbé. Il se nommait Julius Karod. Aussi vénérable que les dreadnoughts, aussi sage que Roboute Guilliman, il était un modèle de vertu dans toute sa compagnie. Son contradicteur avait quant à lui bien meilleur mine. Avec des traits fins et une peau à l’abri des ravages de la vieillesse, Vadias était encore un bel homme malgré sa jambe bionique.

Les deux soldats ne s’étaient pas parlé depuis une mission de routine sur la Lune. Vadias engagea la conversation.

 — Comment vous sentez vous ?

Julius répondit avec un fin rictus :

 — Opérationnel capitaine.

Il poursuivit :

 — Ainsi nous mènerons notre dernière bataille ici.
 — C’est exact, le Maitre de guerre a franchi les dernières frontières avant notre système solaire. À présent, une gigantesque armée de félons s’avancent vers nous. Fort heureusement, la bataille pour Terra sera l’occasion de revoir ce traitre d’Horus Aximand. Je me ferais une joie de lui trancher la gorge.

Julius répondit avec amusement :

 — Il vous faudra une solide épée tronçonneuse pour ça !

Vadias, un peu surpris lui dit :

 — Vous n’êtes pas au courant ? Les officiers ont reçu un nouvel équipement pour le chaos à venir. Je suis fier de vous présenter ma nouvelle compagne « Ringil ».
 — D’où provient cette épée ?

Une certaine tristesse s’empara du visage de Vadias :

 — C’est une longue histoire, sergent.

Julius, insista :

 — C’est un sujet confidentiel ?
 — Pas spécialement Julius.

Julius insista :

 — Votre premier sergent est assez digne de confiance pour la connaitre ?

Vadias posa la main sur l’épaule de son sergent :

 — On ne peut décidément rien vous cacher mon ami. Fort bien, je vais vous compter la mythologie qui entoure cette arme. Mais vous devez me promettre une chose.
 — Vous connaissez mon engagement, capitaine, j’emporterais ce secret dans la tombe.

Vadias tourna son regard vers la lune :

 — Je sais, c’est la raison pour laquelle vous commandez mon escouade de commandement.
 — C’est un honneur, mon capitaine.

Vadias esquissa un léger sourire :

 — Assez de louanges, sergent. Si à l’avenir, les hommes vous demandent l’origine de cette arme, contentez-vous de leur signifier que cette pièce provient des derniers arrivages de Mars.

Julius se redressa et affirma :

 — À vos ordres capitaine !

Vadias soupira et se lança dans son récit tout en manipulant le pommeau de sa nouvelle servante :

 — Malgré son apparence juvénile, Ringil est notre ainée. Forgée dans les flammes du secteur nord de Terra, elle servit les écuyers de l’Empereur pendant les rudes campagnes terrestres. Un jour, un écuyer du nom de Maximilien fut piégé par l’ennemi. Niché contre le flanc d’une montagne, il tint en respect de nombreux ennemis. Malheureusement, à la veille de l’arrivée des secours, il fut tué par son second. Un scélérat qui était pourtant son ami.

Julius l’interrompit :

 — Hum ! c’est une métaphore de l’Hérésie ?

Après une légère pause, Vadias reprit ses propos :

 — Au début de la grande croisade. Horus eut l’idée de transmettre cette arme à un vaillant space marine choisi au hasard parmi l’ensemble des légions. Ainsi cette tradition devait commémorer le sacrifice de Maximilien. Il ne s’agissait pas seulement d’honorer la mémoire d’un homme courageux mais de valoriser la solidarité entre les différentes armées impériales. Rapidement, cette épée fut transmise à d’illustres guerriers comme Sejanus, Vespasian, Argus Brond, Hathor Maat, etc. Peu après le triomphe d’Ullanor, l’épée fut transmise à Horus Aximand. Au début de la guerre civile, il perdit l’arme au cours d’un duel contre un commissaire loyal à l’Empereur. Par un merveilleux hasard, elle fut retrouvée par un détachement impérial. Ce matin, Rogal Dorn décida que cette arme devait me revenir.

Julius regarda l’épée avec admiration :

 — Cette épée a côtoyé de nombreux traitres mais c’est un grand honneur mon capitaine. Je suis certain que vous en serez digne. À force de campagnes victorieuses dans toute la galaxie, les spaces marines ont oublié ces valeurs. Nous sommes devenus arrogants et aveugles face aux dangers du Warp. Au lieu de servir l’Humanité, certains d’entre nous ont décidé de la haïr. Croyez-moi, face aux armées du Maitre de guerre, la solidarité nous sera d’un bien plus grand secours qu’un ego surdimensionné. Ensemble, les forces loyales à l’Empereur tiendront en échec les parjures. Mais, pourquoi vouloir dissimuler cette nouvelle ?

Vadias regarda Julius :

 — J’ignore si je suis digne de porter un tel honneur. Horus Aximand était quand même un membre du Mournival. Quant à moi, je ne suis que Vadias, soldat fraichement promu au rang de capitaine. Mon nom ne figure pas dans l’entourage de notre primarque.

Julius surprit par la faiblesse de son capitaine, pris une voix sévère :

 — Et alors ? Vous allez refuser cet honneur ? Vous allez cesser de vous battre ?

Vadias répondit fermement :

 — Jamais ! Mais…

Julius l’interrompit :

 — Mais ?
 — Mon cher Julius, je n’arrive toujours pas à me faire à l’idée de cette guerre. Il m’arrive de considérer que détenir cette épée à ce moment précis tient plus de l’ironie que de l’honneur.

Julius considéra longtemps le vide spatial avant de répondre :

 — Même le plus grand guerrier est un jour percé par le doute. Vous vous souvenez très certainement des échos qui entourent la réaction de Rogal Dorn à l’annonce de la trahison. Même les primarques doutent. Nous avons tout de même combattu près de deux cents ans aux cotés des huit légions traitresses. Plus jeune, j’avais de l’admiration pour le primarque des Worlds Eaters. Angron était la définition même de l’honneur.

Julius s’interrompit un moment et reprit son propos malgré une voix marquée par l’émotion : 

 — Désormais, nous devons oublier cette période. Face à nos anciens frères, souvenez-vous du sort des loyalistes sur Isstvaan III. Horus n’a pas hésité une seule seconde avant d’utiliser le virus du dévoreur de vie contre des hommes loyaux à notre cause. Par ailleurs, cette guerre civile est une occasion de prouver sa valeur. En tuant de nombreux traitres vous avez fait preuve d’héroïsme. Mon capitaine, ne fuyez pas votre destin, les hommes vous suivront jusque dans les tréfonds du Vengeful Spirit s’il le faut.

Vadias reprit une attitude plus digne :

 — Vous avez raison, et puis nous avons l’Empereur avec nous.

Le sourire réapparut sur le visage de Julius et il cria :

 — Pour l’Empereur, pour sa gloire et celle du primarque Progenitor !

Vadias reprit le cri de guerre des Imperial Fist. Puis, ils regagnèrent la zone d’embarquement afin de gagner la dernière navette en partance pour ce qui deviendrait la bataille la plus décisive de l’histoire.