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Critique de Le Chemin Céleste par Maestitia

Publié le Dimanche 2 octobre 2016 | 7 révisions avant publication | 3 corrections après publication

Malamennagorastica. Hovija. Khzah’tel arif negassamar.

Ces mots n’avaient aucun sens, bien trop longs et trop lourds pour être prononcé par un être humains. Seuls les abîmes les plus profonds avaient pu engendrer un tel langage, forgé par l’infini dans un unique but d’auto-contemplation.

Il atteignit le voile et écarta ses paumes au contacte de la surface cylindrique.

 — Gegammoror. Gegammororara. Shashak. Lethatak.

Des yeux nagèrent vers lui, le fixant. Il recula mais ne décrocha pas son propre regard. C’était deux orbes violettes en amande dépourvues de blanc qui perlaient d’une teinte obscure.

 — Tu as donc découvert la voie, entonnèrent les yeux.

La voix était étonnante, elle ressemblait à un cauchemar que l’on murmure sur le point de prendre forme. Plusieurs voix se superposaient ici, se bousculant l’une l’autre comme si elles avaient été enterrées vivantes au fond d’un sac malicieux. Parmi la fumée, plus visibles qu’auparavant, des membres émergèrent. La peau était pâle et éclatante, dénuée de toutes imperfections. Un long fouet denté claquait d’avant en arrière autour de cuisses souples. Dans le fond, ses pattes griffaient, cliquetaient rapidement s’exprimant dans un langage propre.

 — Pas encore. Ce n’est que le commencement. Comment dois-je vous appeler ?
 — Maîtresse, Maître. Ou Manushya-Rakshsasi. C’était comme cela que l’on m’appelait à l’époque d’avant l’Anathème.

Von Kalda résistait à plonger plus profondément son regard dans l’obscurité. Les yeux violets inquiétants ne clignaient jamais. C’était presque intenable tant la tentation de les contempler était forte.

 — J’aimerai poser une question.
 — Pose là donc.
 — Mon maître recherche le grand Khan. Le traquer à travers le Warp nous prendrait beaucoup de temps et chaque jour de perdu nous retarde. Connaissez-vous sa localisation ?
 — Ces choses me sont connues. Qu’offres-tu en retour ?
 — Que désirez-vous ? Le démon semblait sourire et sa longue langue oscillait à travers une grande gueule aux dents pointues.
 — Tu as lu tes incantations et tu as appris tes rites. Tu connais la voie du rêve. Offre moi quelque chose que je désire.

Von Kalda arracha son regard de cette peau si pâle qui semblait changer à chaque instant. C’était difficile, bien plus difficile que ce qu’il avait imaginé. L’arôme musqué du sang séché se mélangeait à présent avec autre chose, comme un parfum toxique qui rampait, infiltrant chaque recoin de la chambre.

 — N’est-ce pas suffisant d’aider le Maître de Guerre vers la victoire ? risqua-t-il.

Le démon ricana alors, sincèrement amusé, mais ce rire était effrayant ; un cri haut-perché de pure malice, teinté d’aucune joie mais souillé d’hurlements humains.

 — La victoire n’est faite que pour les mortels. Il n’existe aucune victoire pour nous. Quel est votre but ? Nous n’en avons aucun. Quelle est votre paix ? Nous n’en avons aucune. Vous nous avez déjà offert ce que nous souhaitions et nous le savourons et nous en redemandons toujours plus. Désormais, tout ce qui reste n’est que divertissement. Alors, diverti moi.

Le Chemin Céleste vient prendre la 36ème place dans les tomes de l’Hérésie d’Horus. Après la novella Brotherhood of the Storm, puis le roman White Scars et l’audio drama Grey Talon, nous voici donc avec la suite des aventures du Khan des Khans, le Primarque Jaghatai de la Vème Légion des White Scars.

Les fils de Chogoris ont changé. Nous sommes à une étape cruciale de la saga mais aussi de la Légion. En effet, après la visite du Khagan sur Prospéro (ou ce qu’il en restait) les choses se sont accélérées. Chris Wraight débute son roman par distiller des informations qui vont permettre au lectorat de se rappeler les grandes lignes ainsi que certains personnages. J’ai hautement apprécié cette façon de nous introduire au récit. Car oui, la saga est très disparate et c’est toujours agréable de voir un auteur prendre le temps de remettre les événements dans leur contexte afin que l’on puisse entamer la lecture sans trop de lacune ou de retard.

Toujours est-il que ça va mal pour les chogoriens, cela fait maintenant plus de quatre ans que les loges rebelles ont été neutralisées au sein de la Légion et que le Khan a pris la décision de diviser massivement ses forces afin de filer entre les mains des traîtres qui pullulent désormais dans la galaxie. Malheureusement, cette stratégie ne fonctionne plus aussi bien. Les hérétiques apprennent au fil du temps et parviennent à présent à surprendre la Vème. Deux fraternités (que l’on peut aussi nommer compagnies) ont été annihilées par les fils de Perturabo autour du monde de Iluviun. Chaque flotte se vide peu à peu de ses hommes et il semblerait bien que la route vers Terra soit totalement bloquée. Bloquée d’une part avec les forces du Maître de Guerre, mais aussi d’autre part à cause du Warp. Ce dernier étant le royaume des dieux noirs, les tempêtes qui s’y déchaînent réduisent considérablement les options du Khagan…

Mais il est impossible d’enfermer le souffle du vent et c’est grâce au personnage d’Ilya Ravaillon que l’espoir va renaître. Ilya, ancienne membre du Departmento Munitorum fut celle qui déjoua la loge dans le roman White Scars. Depuis, l’âge ne l’a pas épargné, mais elle reste malgré tout une conseillère très respectée au sein de la Légion. Cette dernière est convaincue qu’un seul homme peut les aider à retourner auprès de l’Empereur. Il se nommerait Pieter Helian Achelieux et serait un éminent Navigator qui pourrait aider l’Ordu (les White Scars) à traverser l’immaterium malgré ses tumultes. Mais ce n’est pas tout: deux Légions renégates les talonnent, impatientes de mettre fin à cette fuite interminable. Les Emperor’s Children commandé par Eidolon en personne va être rejoint par Mortarion et toute sa Légion, rien que ça.

Vous l’aurez compris, nous avons affaire à la dernière course des White Scars et la construction du roman est faite de façon à ce que l’on ressente chaque grain d’espoir glissait du sablier.
Outre le Primarque et Ilya, nous retrouverons Shiban, Torghun, mais aussi Yesugei le Stormseer et Arvida le Thousand Son. Plusieurs personnages auront changé, je parlais de la vieillesse de la conseillère, mais Shiban Khan n’est pas en reste, son corps étant désormais constitué à plus de 90 % de métal sans compter son mental qui ne fait que s’assombrir.

À l’opposé, Torghun qui participa aux loges il y a quatre ans, est maintenant chef d’escouade des Sagyar mazan, les déshonorés que l’on déploie lors de missions suicides. On repart donc avec des personnages connus mais qui sont devenus hauts en couleur. Marquer les changements via l’ellipse de plusieurs années profite à l’auteur autant qu’au lecteur. Nous sommes plongés très rapidement dans l’histoire.

Au-delà des White Scars, le lecteur sera aussi placé du côté de Mortarion, plus que d’Eidolon en matière d’intrigue. Certes, le personnage de Von Kalda nous permettra d’en apprendre plus sur les incarnations démoniaques et les mutations que les Emperors› Children s’infligent, mais c’est véritablement avec le Primarque de la XIVème Légion que la chronologie de la saga s’affine. En effet, Mortarion n’a toujours pas cédé aux forces de la ruine, c’est le dernier parmi ses frères dissidents et l’on sent sous la plume de Chris Wraight, que pour lui aussi le temps est compté. Son premier capitaine n’est toujours pas revenu et bien qu’il s’imprègne plus que jamais des forces du Chaos, le pacte n’est pas encore scellé. Voilà qui ajoute de la profondeur au tome.

Côté, rebondissements, surprises et plot-twist, il n’y a pas grand-chose il faut l’avouer. Cependant l’auteur fait de son mieux pour faire monter la pression jusqu’au climax final et y parvient, mais la plupart d’entre vous savent d’ores et déjà si la Vème Légion parviendra à atteindre Terra…

Concernant l’action, sachez qu’elle y est présente. En témoigne l’aspect de mouvement perpétuel qu’offre le roman. La toute première bataille spatiale m’a paru longue, car beaucoup de nouvelles informations y étaient insérées, mais par la suite, la lecture des affrontements spatiaux est devenue une vraie source de divertissement. Les white Scars étant réputés dans l’art du sabre et de la vitesse, l’auteur nous offre toute leur virtuosité sur fond de tragique désespoir.

Ne désirant pas développer davantage la critique au risque de vous dévoiler les détails les plus appréciables, je vous laisse le soin de découvrir ce 36ème opus de l’Hérésie d’Horus. En ce qui me concerne, ce roman m’a beaucoup plu et m’a presque réconcilié avec la Saga. Les White Scars prennent de plus en plus d’ampleur au fil des tomes et le siège de Terra est imminent. Le puzzle est presque complet…

Les plus

  • La dernière course pour Terra.
  • La Porte de Kalium.
  • Eidolon et son escorte de Kakophonie, mais aussi Manushya-Rakshsasi.
  • Une tirade exeptionnelle de Jaghatai (page ~196).
  • Le Khorchin, langage chogorien présent via du vocabulaire.
  • Les Sagyar mazan.
  • La mort de personnages remarquables.
  • Revoir des visages connus après ces années.

Les moins

  • Le premier affrontement spatial reste confus.
  • Mortarion qui découvre le Chaos comme une boîte d'allumette.
  • La mort de personnages remarquables.
4/5

Le Chemin Céleste est un tome important dans la saga de L'Hérésie d'Horus et son auteur parvient à nous insuffler la force mais aussi la fragilité du Khagan et de ses fils dans un récit rythmé, riche par ses personnages et complet par sa trame. Les White Scars n'ont jamais autant brillé par leur force et leur sagesse.