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Un Bruit Nocturne d'Insecte et un Hurlement de Démon

Achèvements choisis :

  • En voilà un Inquisiteur qu’il est véreux : Inclure un Inquisiteur pas net
  • Papa Abbadon : Il va y avoir du Chaos
  • Pacifiste : Ne pas tirer un bolt ou autre coup de feu tout au long de votre nouvelle
  • Exterminatus : Explicite. En d’autre termes, faut qu’ca pète
  • Sacré-Saint : Mentionner l’Empereur
  • Comme si on y était : Faire une description détaillé d’un lieu, d’un décor

Dans le Segmentum Obscurus, sur une petite planète d’une importante géo spatiale et stratégique assez limitée.

Face aux récentes invasions de Chaotiques qui plongèrent Ophésia dans un terrible conflit inlassable et dévastateur, la Forteresse Segmentaire de Cypra Mundi, la capitale administrative et quartier général de la flotte impériale locale, répondit au Gouverneur Abraham Kolpf que la planète était déjà perdue et qu’aucun renfort ne lui serait alloué. On apprit alors, quelques jours après, sa mort annoncée comme étant un suicide. À sa place, un commissaire prit les rênes du pouvoir et organisa, avec les faibles ressources qu’il avait à sa disposition, la résistance de la planète. C’est ainsi qu’Oktar Louhark dirigea Ophésia d’une main de fer, lorsque finalement, des renforts arrivèrent peu après.

Sur une large place poussiéreuse et vide, qu’on imaginerait aisément avoir été le centre-ville d’une grande agglomération en raison des immeubles en ruine l’enveloppant comme des tentacules de béton grisâtres, un Thunderhawk se posa tranquillement, dans un silence de mort, alors que la nuit commençait à tomber. Mais contrairement aux apparences, l’endroit n’était pas désert. Digne du célèbre « Premier et unique de Tanith », des hommes et des femmes, membres de la Garde Impériale depuis la conscription forcée prononcée par Oktar, entouraient l’astronef Space Marine, vêtus de tenues de camouflage et d’armes à longue portée pour la majorité d’entre eux.

Quand l’escorteur Thunderhawk laissa sa rampe frontale s’ouvrir, on pouvait deviner à leurs regards émerveillés, que leur foi en l’Empereur était aussi vivace qu’au premier jour. L’Ordo Malleus avait envoyé les mystérieux et majestueux Chevaliers Gris de la Sainte Inquisition, au service du seul et véritable Empereur, pour purger ce monde de toutes ses souillures et abominations. Les protégés de l’Immortel Empereur de Terra, fragment éternel de l’Univers et Lumière de l’Humanité, se savaient dès lors sauvés.

Descendant la passerelle lentement et lourdement avec une synchronisation quasi parfaite, les Chevaliers Gris, engoncés dans leurs lourdes amures énergétiques et combinaisons Aegis argentées et anthracites au style baroque, dégageaient une puissance colossale et une imposante prestance. Le Chapitre 666, sous l’œil ahuri et émerveillé des habitants locaux, regarda toutefois leur fascination d’un air imperturbable et éternellement stoïque. Mais tandis qu’ils descendaient, le bruit sourd d’un moteur tremblant et vrombissant résonna sur la place.

C’est alors qu’apparurent la rampe frontale et les chenilles d’un magistral Land Raider aux couleurs du Chapitre et arborant le même symbole que celui qui couvrait les épaulières auto-réactives des Chevaliers Gris : un glaive à la verticale sous un grimoire ouvert. Avançant en tête du cortège, un Chapelain Space Marine se sépara du groupe pour aller de l’avant. C’est à ce moment qu’une des silhouettes en fit de même parmi les troupes locales. Son uniforme de commissaire permit sa rapide identification.

L’aumônier combattant des armées de l’Adeptus Astartes au Masque des Morts, rayonnant d’une foi au moins aussi profonde que son titre exigeait, proclama d’une voix forte et puissante :

 — Le Chapitre de la Sainte Inquisition exige la destruction des Hérétiques et de leurs mondes !

Oktar Louhark, qui lui faisait face, était d’une corpulence bien plus chétive que celle des imposants Space Marines, mais aussi de celle de ses semblables. Toutefois, une aura intimidante émanait de lui. Son uniforme était usé, mais on le devinait savamment entretenu. Il avait à la jambe gauche une prothèse cybernétique qui, au vu de son apparence archaïque, devait dater, à moins qu’elle n’ait été fabriquée sur place avec les moyens du bord. Le côté droit de son visage était balafré par une longue cicatrice, qui lui perforait la joue et l’œil, qui était blanc.

 — Je vous remercie mille fois pour votre présence en ces lieux, Élus de l’Empereur. Sachez que je souhaite aussi ardemment que vous la mort de ses Hérétiques ! répondit le commissaire, d’une voix grave et vibrante.
 — Je doute cependant, que vous approuviez pleinement la suite des opérations, à moins que votre Foi soit réellement sans égale,  répliqua d’une voix mordante et cassante le Chapelain.
 — Comment ça ?
 — L’Ordo Malleus a ordonné l’extermination totale de ce Monde ! La tâche vous revient donc d’occuper les hérétiques pendant que nous, nous accomplirons ce qui doit être.

Le commissaire et les conscrits d’Ophésia demeurèrent abasourdis par la nouvelle.

 — Comment est-ce possible ? Nous avons fait de notre mieux pour résister ! Et je suis certain qu’il est possible de sauver Ophésia ! Selon le rapport que je vous ai envoyé…
 — Il suffit ! cria le Chapelain. Ce serait une perte de temps que d’essayer de sauver ce rocher stérile ! Quant aux véritables fidèles, ils se retrouveront à Ses côtés s’ils accomplissent leur devoir !

Le Chapelain avait pris une voix plus courroucée et impérieuse et en même temps, assez étrangement lugubre. Son autorité était cependant telle, que le commissaire courba l’échine face à l’aumônier de l’Adeptus Astartes, qui leva son Crozius en arborant avec fierté son insigne orné d’un crâne, avant de poursuivre :

 — Comme l’eut dit Hauis Argento, mon confrère du Chapitre de la 2ème Compagnie des Crimson Fists : «Si vous offrez votre vie en servant l’Empereur, votre mort ne sera pas vaine» !

Le Masque des Morts du Chapelain se tourna ensuite en direction des soldats de la Garde Impériale qui ne savaient comment réagir. La peur, le désespoir et un certain sentiment d’abandon se devinaient sur leurs visages blêmes, auxquels s’ajoutait maintenant une extrême nervosité.

 — Quelles sont les instructions ? demanda le commissaire, d’une voix abattue.
 — Où sont entreposées les différentes trouvailles de vos éclaireurs, dont vous avez fait mention dans votre appel ?
 — Pardon ? s’interrogea le commissaire surpris, réfléchissant quelques secondes avant d’ajouter : vous voulez parler des objets du sorcier de Tzeentch ?
 — Oui ! répondit sèchement le Chapelain. Je tiens à m’assurer personnellement qu’ils soient détruits, afin d’éviter qu’ils ne quittent ce monde avant l’Exterminatus.

Le commissaire hésita une seconde, mais s’en fut trop pour le Chapelain, qui se pencha sur lui d’un air menaçant. Oktar répondit alors rapidement :

 — Mais le bâtiment est aux mains de l’ennemi et nous n’avons aucune chance de le prendre d’assaut. Nous pensions que…
 — Montrez-moi la localisation de ce lieu, le coupa plus calmement, mais pas moins autoritairement le Chapelain. Peut-être qu’après tout, si vous n’avez pas eu un contact prolongé avec de tels objets, il y a encore de l’espoir pour vous et pour Ophésia.

Le commissaire fut surpris et indiqua assez rapidement la localisation du lieu.

Quelques heures plus tard, la pénombre d’une sombre nuit pluvieuse s’abattait sur une très large et longue avenue bétonnée, d’un gris poussiéreux et entourée de bâtiments tombant en lambeaux, tandis que le Land Raider faisait sa route, comme s’il était seul au monde.

 — Pendant que nous nous rendrons là-bas pour récupérer et détruire ces objets hérétiques, je vous demanderai de réunir l’ensemble de vos troupes et d’attaquer sur un autre secteur, pour faire diversion, avait ordonné le Chapelain, avant d’ajouter : à notre retour, d’autres Thunderhawk arriveront alors pour vous sauver !

Ces paroles avaient réconforté un temps le commissaire, même s’il ne demeurait pas moins aussi surpris que perplexe par l’attitude du Chapelain. Cependant, les Élus de l’Empereur étant par nature assez énigmatiques, il ne se posa guère plus de questions. Il fit réunir les quelques centaines de soldats du secteur qu’il lui restait et s’apprêta à faire son devoir avec un zèle et une fidélité propres à son rang.

 — Nous arriverons bientôt à l’endroit indiqué, annonça le pilote du Land Raider, brisant le silence.
 — Bien. Pour le Chapitre et l’Inquisition, mes frères, montrez-vous digne de l’Empereur !

Leurs fulgurants, bolters lourds jumelés et fuseurs chargés, accompagnant pour certains leurs armes de force Némésis telles qu’une épée ou des hallebardes qu’ils tenaient d’une main, les huit Chevaliers Gris aux airs implacables regardèrent silencieusement le Chapelain, qui brandissait de nouveau son Crozius dans leur direction.

 — Mes frères, nous devons retrouver ce livre et empêcher qu’il ne tombe entre de mauvaises mains ! Sa destruction risquerait cependant de provoquer quelques machinations perverses de Tzeentch : c’est pourquoi le Seigneur Inquisiteur Grahund Kahrx estime qu’il serait plus sage de l’emporter et de le lui remettre. Il le détruira lui-même si besoin, a-t-il ajouté.

Les Chevaliers Gris ne bougèrent et ne répondirent pas au Chapelain, manifestant ainsi leur obéissance et leur fidélité à l’Empereur et à leur aumônier. Une fois arrivés, ils sortirent du Land Raider, tandis que le porteur du Masque des Morts de l’Adeptus Astartes ajouta :

 — Merci pilote, attendez-nous ici, nous reviendrons assez vite ! Faites feu sur tout le reste. Aucune âme ne doit survivre dans les environs.

Le vieux bâtiment prenait un air d’église engloutie et enchevêtrée par des tentacules de terre et de pierres. Des tertres bétonnés et boueux jonchaient le sol dans ses alentours et la végétation avait aussi étrangement repris ses droits en ce lieu, dans des proportions et des couleurs anormales et malsaines.

 — Le commissaire n’avait pas signalé qu’il s’agissait d’un ancien lieu saint ! s’exclama le Chapelain, surprit.
 — Nous ne sommes pas seuls en tout cas, lança un des Chevaliers Gris.

Deux d’entre eux qui portaient des bolters lourds jumelés, les enclenchèrent en se positionnant, tandis que le Land Raider, de ses deux canons laser et de son bolter lourd tous les trois jumelés, balaya les environs à la recherche du moindre ennemi. Après un instant de silence, ils reprirent la route. Entrant dans le bâtiment, après avoir poussé une double porte recouverte de branchages hideux d’un bois grisâtre mourant, le Chapelain aperçut l’intérieur en premier : une nef centrale recouverte de briques et de pierres moisies, de bancs poussiéreux et, au milieu, des victimes de sacrifices ayant subi d’innommables tortures dépassant les limites de la physique et du supportable. Le tout était entouré de bougies pleurant chaudement leur cire.

 — Il y a une soudaine baisse d’activité, nota le même Chevaliers Gris, que précédemment.
 — Ils ont dû fuir face à la fureur de l’Empereur ! suggéra un second, en s’emportant soudainement.

Le Chapelain s’avança près d’un ouvrage, qu’il reconnut immédiatement par son titre évocateur d’hurlements de démons majeurs et par ses signes cabalistiques et ésotériques inédits, suintant la plus terrible des décadences hérétiques. Après qu’il l’eut pris d’une main en le dégageant de quelques cloportes, il se retourna.

 — Faisons vite et rentrons. L’Exterminatus se chargera de purger cet endroit, dit-il en pressant le pas.
 — Et les habitants ? demanda le premier Chevaliers Gris.
 — Leurs morts serviront l’Empereur. N’oubliez pas, frères, que le Chapitre doit rester secret et nous n’avons ni le temps, ni les ressources pour ordonner un lavage de cerveau à tous ces habitants. De plus, l’œil de la Terreur n’étant pas loin, je doute qu’il n’y ait qu’un seul démon majeur, comme le commissaire l’affirmait dans ses rapports. Au moins, la Garde se battra avec la fureur du Juste, en croyant pouvoir s’en sortir. Vive l’Empereur.

Certains Chevaliers Gris parurent surpris d’une telle décision. L’un d’eux fit aussi remarquer l’absence d’adversaires, mais le Chapelain l’expliqua par la diversion organisée par le commissaire.

Alors que le Land Raider repartait quelques instants après, sans qu’aucun coup de feu n’ait brisé le calme absolu qui pesait dans ce morbide endroit, dans l’ombre et dans le lointain, un sourire s’esquissa aux commissures des lèvres affreuses d’un sorcier du Chaos, qui murmura :

 — Que les antiques pouvoirs du Chaos aillent là où Tzeentch le désire…